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                                La Tribune des travailleurs - No263 - Mercredi 4 novembre 2020
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  ACTUALITÉ
« La politique de l’enveloppe fermée conduit personnels et élèves à une impasse »
Crise politique
Incapable, affolé, discrédité... et coupable !
peine avait-il terminé, le 28 octobre, son annonce de reconfinement que Macron était accusé de toute part d’être responsable des
   À
  École maternelle Romain-Rolland - Les Lilas
événements qui y ont conduit. Responsable aussi désormais de la fermeture des universités, des petits commerces, de la privation des libertés, du drame sanitaire qui tue dans des hôpitaux submergés, du retour des attestations, du chaos général, de l’im- préparation... « Ils ont eu huit mois et ils n’ont rien fait. » Seul principe clair dans ce discours : pour lui, l’unique liberté qui devrait demeurer, c’est celle de se faire exploiter.
Macron a eu beau en appeler à « notre unité », derrière ses décisions, il n’a pas obtenu l’union nationale qui avait prévalu en mars. Il faut dire que le rejet de ce gouvernement d’incapables est tel, dans des couches de plus en plus vastes, que même Le Figaro accuse « ceux – mais à quoi ont-ils passé leur été ? – qui n’ont su ni bâtir le système qui aurait permis d’appliquer efficacement le fameux “tester, tracer, isoler” ni accroître le nombre de lits dans les services d’urgence et de réanimation ».
Privé de confiance et du large consensus attendu (bien qu’assuré du vote de soutien des députés PS et d’une majorité des députés PCF), tout semble désor- mais échapper à ce gouvernement, uniquement soucieux de maintenir l’ordre et le profit.
Chargé du service après-vente, le Premier ministre, Jean Castex, a dû préciser le lendemain les mesures qui venaient d’être énoncées, puis revenir à la télévision le dimanche, après une volte-face sur la vente de produits non essentiels dans les hyper- marchés. Entre-temps, tout le week-end, venue de dizaines de milliers de commerçants, artisans, maires et élus, la pression est montée en direction du gouvernement, accusé de représenter les grandes surfaces et les géants de la livraison autorisés à pour- suivre leur activité. Le samedi, vingt-huit maires avaient pris des arrêtés élargissant les autorisations d’ouverture de commerces. Dans certaines villes, les maires ont recommandé à la police municipale de ne pas mettre d’amendes et de pas procéder aux contrôles des consignes.
Quant au ministre de l’Éducation nationale, ses injonctions sont modifiées, reportées, adaptées. L’affolement fait que les annonces succèdent aux annonces, les règles aux règles, changeantes, contra- dictoires, incohérentes. Au point que plus personne n’y comprend rien. « On va assister à des révoltes », s’inquiète Damien Abad, le président des députés LR. Avec une union nationale rendue de plus en plus dif- ficile par le discrédit qui frappe le gouvernement, la crise politique s’aggrave de jour en jour. n
Grégory Fernandes
L’Assemblée nationale, à large majorité présiden- tielle, a voté positivement, avec 399 voix contre 27. Le groupe LR a choisi de ne pas prendre part au vote. Les députés PCF se sont divisés en 8 voix pour (dont Fabien Roussel, son secrétaire national) et 6 contre. Les élus LFI ont voté contre et le groupe PS a voté pour, dans un « oui de colère » (ça change tout !) qu’a tenu à souligner Valérie Rabault, leur chef de groupe.
Le Sénat, à majorité LR, s’est prononcé négative- ment, par 178 voix contre, 130 voix pour et 27 abs- tentions. Les sénateurs LR ont très majoritairement voté contre (« nous ne pouvons vous accorder cette confiance », a dit leur chef, Bruno Retailleau), de même que près de la moitié des centristes (« l’hyper- présidentialisation de nos institutions va trop loin » pour Philippe Bonnecarrère). Le PS a voté pour, « pour protéger les Français », quand tous les séna- teurs PCF ont voté contre, regrettant que le Parle- ment soit « mis devant le fait accompli ».
Un vote sans conséquence pratique, puisque l’ar- ticle 50-1 de la Constitution prévoit que leurs votes ne tiennent lieu que d’avis. Sous la Ve République, seul règne le président de la République. Un vote qui a toutefois une signification, puisque « socialistes » et plusieurs « communistes » s’y sont ralliés.
Le 24 octobre, l’Assemblée nationale avait pro- rogé l’état d’urgence sanitaire, donnant tout pouvoir de décision au gouvernement et à son Conseil des ministres. C’est manifestement encore trop « démo- cratique » aux yeux de Macron : c’est en effet le « conseil de défense », une instance militaire créée par une ordonnance de 1959, réuni trois fois la semaine dernière (et quarante fois en 2020), qui a décidé du reconfinement. Ce régime, une démocratie ? n
Aurélien Bloyé
Dans un communiqué du 2 novembre intitulé « À ne pas débloquer les moyens urgents pour protéger l’école et ses personnels, le ministre prend la responsabilité d’une dislocation généralisée ! », le SNFOLC Créteil informe que
« lundi 2 novembre, dans des dizaines d’établissements de l’académie, les per- sonnels se sont mis en mouvement contre la politique dislocatrice du ministère : assemblées générales ou heures d’informa- tion syndicale sur les deux heures initiale- ment prévues pour réagir aux carences du ministère sur la protection sanitaire des per- sonnels, échange sur les conditions de l’hom- mage à notre collègue Samuel Paty (...). Les collègues ont ainsi exprimé leur colère, leur indignation et cherché à agir pour faire valoir leurs revendications. Le ressenti de ce mépris ministériel a été décuplé avec la
confirmation qu’aucune mesure n’avait été prise pour protéger la santé des élèves et des personnels au moment où la circulation du virus s’accélère (...).
Ce n’est pas un coup de baguette magique que les collègues demandent. Cela fait des semaines et des semaines que ces derniers alertent sur la nécessité d’allé- ger les effectifs dans les classes en recrutant massivement des personnels, des semaines qu’ils s’alarment du manque d’agents tech- niques pour entretenir les locaux, les net- toyer et les désinfecter (...). « (...) Depuis plus d’un an, les agents d’entretien du collège fonctionnent à 50 % de leur effec- tif. Depuis plusieurs semaines, dans plu- sieurs salles, le ménage n’est pas fait alors que c’est une désinfection quotidienne des tables et des sols qui est prévue par le proto- cole (...) !, expliquent ainsi les collègues du collège Roger-Martin-du-Gard d’Épinay- sur-Seine...
Oui, aujourd’hui, la politique de l’en- veloppe fermée prônée par le ministère conduit personnels et élèves à une impasse en leur demandant, par exemple, de se pro- noncer localement – ainsi que les y invite le “protocole sanitaire renforcé” – entre “moins de cours” et “plus de cours du tout” ! (...) Per- sonne n’a envie de revivre le traumatisme de la prétendue “continuité pédagogique”.
Il rappelle qu’« un plan d’urgence doit être mis en place pour garantir l’ouverture des collèges et des lycées dans des condi- tions sanitaires acceptables. Cela passe par un recrutement massif de personnels permettant l’allègement des effectifs dans les classes, l’entretien et la désinfection des locaux. Cela passe par le déploiement de tests systématiques, la fourniture de masques réellement protecteurs, la protec- tion par l’isolement, sans perte de jour de carence, et le remplacement systématique des personnels vulnérables. » n
        Lu dans une note syndicale
 « Face à ce piège tendu aux personnels et aux élèves »
«Ce 2 novembre (...), malgré les pres- sions, des milliers de personnels se sont regroupés en réunions syndi- cales, en AG. Des débrayages ont eu lieu un peu partout, notamment dans les collèges et les lycées. Des rassemblements se préparent comme dans l’Ain devant l’IA*, ce mercredi 4 novembre. Partout, dans les discussions, les motions, c’est le “ras-le-bol” qui domine et la
volonté de dire au ministre : “Ça suffit.”
Les personnels refusent ces conditions dislo- quées,avecdesclassestoujourspleinesàcraquer. Ils refusent l’instrumentalisation de la situation pour modifier règles, statuts et diplômes.
La seule mesure prise pour réduire le nombre d’élèves par classe est la mise en place de “plans de continuité” définis localement, des dédoublements sans moyens supplémentaires et synonymes de suppressions de cours, faisant exploser les emplois du temps des personnels chargés de suivre les élèves à distance.
Face à ce piège tendu aux personnels et aux élèves, la FNEC FP-FO considère que la reven- dication portée par le texte unitaire (FO, FSU, FCPE, SUD, UNSA, SGEN, CGT, UNL...) est un point d’appui très important. Il faut procéder à un recrutement massif de personnels dès le 2 novembre, en particulier en ayant recours aux listes complémentaires et en les abon- dant. (...)
Merci de poursuivre la remontée des infor- mations. n
Le SF* » (FNEC FP-FO, 2 novembre)
* IA : inspection académique ; SF : secrétariat fédéral.
 Lycée Louis-le-Grand (Paris)
LLe bulldozer Macron-Blanquer opère partout
Assemblée nationale et le Sénat étaient
 e 12 octobre, les professeurs lycéens et à leurs parents la facture de mathématiques apprennent des 560 milliards mis à la disposition qu’une heure d’enseignement des banquiers et des patrons ! Au lycée hebdomadaire de mathématiques Louis-le-Grand comme dans tous les
appelés à se prononcer le 29 octobre sur les
mesures sanitaires du gouvernement.
serait retirée à sept classes de seconde et huit groupes de spécialité mathé- matiques de première !
La direction du lycée nous a expli- qué que, même avec cette diminution, l’horaire de mathématiques du lycée resterait supérieur à l’horaire plan- cher. De quoi s’agit-il ? Les réformes dulycéeetdubacontmisàmalla notion d’horaires nationaux. Ainsi, huit heures par semaine et par classe sont à la disposition de chaque établis- sement qui peut les utiliser comme il le souhaite : groupes à effectifs réduits dans certaines disciplines, dépas- sement de l’horaire minimum légal, dit horaire plancher, dans d’autres disciplines... remettant en cause le caractère national de l’enseignement, organisant la compétition entre les disciplines.
Le lycée Louis-le-Grand serait généreusement doté et il serait donc juste de lui retirer des heures !
– Faux ! Les effectifs y sont particu- lièrement élevés (38 élèves par classe en moyenne).
– Les heures supprimées dans ce lycée bénéficient-elles à d’autres lycéens ? Qui peut y croire quand le gouvernement prévoit la suppression de 1 800 postes dans le second degré à la rentrée 2021 ? Partout les heures sont supprimées pour faire payer aux
lycées, les élèves ont besoin de conser- ver toutes leurs heures pour réussir.
Le lycée Louis-le-Grand est un lycée public qui accueille des élèves de toutes origines géographiques et sociales (environ 20 % d’élèves bour- siers), réputé pour la qualité de sa préparation aux études supérieures. Si le volume horaire est réduit à Louis- le-Grand, où iront les élèves désireux de se préparer aux études supérieures et en particulier aux classes prépara- toires aux grandes écoles ?
Les lycéens ont mis en ligne une pétition qui a recueilli 900 signatures. Dès le 13 octobre, les professeurs de mathématiques sont montés en délé- gation chez le proviseur : « Si les heures ne sont pas restituées d’ici à deux jours, nous serons en grève. » Et les tenta- tives de division n’ont pas tardé. Une déléguée syndicale a écrit une lettre au directeur d’académie au nom de l’équipe des professeurs de mathéma- tiques sans les consulter. Lettre dans laquelle l’exigence du maintien de toutes les heures a disparu ! L’assem- blée générale des professeurs qui se réunira à la rentrée aura à décider sou- verainement ce qu’il convient de faire pour gagner et arracher le maintien de toutes les heures. n
Correspondant
L’
Les parlementaires « votent », le conseil de défense décide
      













































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