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La Tribune des travailleurs - No263 - Mercredi 4 novembre 2020
  Le protocole Blanquer pousse à la déscolarisation
Lmassive des élèves
undi 2 novembre Soitondiviselesclassesen sur France Inter, demi-groupes, comme le le ministre Jean- prévoit le protocole sanitaire Michel Blanquer a du ministre... et on prive exposé son « nou- toute une génération, déjà veau protocole privée de trois mois de cours sanitaire ». Inter- au dernier semestre, de la rogé par les journa- moitié de son année scolaire.
ACTUALITÉ
Seine-Saint-Denis Les personnels ouvriers exigent 150 postes minimum et immédiatement
  listes sur la possibilité – sans aucun moyen supplémen- taire – de mettre en place des demi-groupes, donc de priver les élèves de la moitié de leur temps d’enseigne- ment,ilaexpliqué:«Ona un protocole de continuité pédagogique qui le prévoit, donc cette configuration, elle existe. (...) Pour les lycées, nous voulons que les lycéens aient cours, il y a la possibi- lité lorsque la configuration le permet d’éventuellement faire des demi-groupes. Je ne l’encourage pas parce que je sais que quand on fait comme ça, ce n’est pas aussi bien que lorsque tous les élèves sont là en présentiel. »
Le ministre place enseignants, élèves et parents dans une impasse
Il ne « l’encourage pas » ? Une journaliste interroge alors le ministre : « Vous pré- férez qu’il y ait 35 élèves dans une petite salle ? » Et c’est bien là tout le problème : dans les conditions où le gouvernement Macron a déversé 560 milliards d’eu- ros dans la poche des ban- quiers et des patrons, mais n’a débloqué aucun moyen supplémentaire tant pour l’école que pour les hôpi- taux, enseignants, élèves et parents sont confron- tés à une impasse. Soit on s’entasse dans les salles de classe, au risque de mettre en danger la santé de tous.
Seize syndicats FO, CGT et FSU de Seine-Saint-Denis de personnels de l’enseigne- ment comme de personnels territoriaux dénoncent dans un communiqué commun en date du 14 octobre : « Dans de nombreuses écoles, dans de nombreux collèges et lycées du département, rien n’est possible : pas de distancia- tion sociale, un respect diffi- cile des gestes barrières dans des locaux exigus (...). » Pour conclure, ils « demandent un plan de rattrapage pour les services publics dans le 93 et appellent les personnels (...) à préparer une journée de GRÈVE et de MANIFESTATION le 17 novembre ».
E
ploitées, les plus mal traitées. Conscients de l’importance
de leur mission indispen-
sable au bon fonctionnement
des établissements scolaires, ils exigent d’en avoir les moyens, et donc que le président du conseil départemental ré- ponde à leurs revendications.
 L’exemple d’un lycée de Seine-Saint-Denis
Dans un lycée de Seine- Saint-Denis, « l’aménage- ment pédagogique du proto- cole sanitaire » fourni par la direction de l’établissement le jour même de la rentrée se fixe comme « objectif prin- cipal : diminuer le brassage par la diminution du nombre d’élèves au lycée ». Objec- tif atteint puisque toutes les classes sont séparées en demi-groupes, le nombre maximum d’élèves pré- sents dans l’établissement est donc divisé par deux. Les uns auront cours quand les autres sont priés de res- ter chez eux, ou de traîner dans la rue, livrés à eux- mêmes ! Prenons l’exemple des classes de seconde : le demi-groupe 1 a « cours le matin en semaine A et cours l’après-midi en semaine B », et le demi-groupe 2 l’inverse. Et ainsi de suite pour toutes les classes. Au passage, les « options terminales » passent en mode « distan- ciel », dont on sait parfaite- ment qu’il favorise le décro- chage scolaire massif.
Refusant tout moyen supplémentaire pour proté- ger élèves et enseignants, le ministre pousse à diviser par deux le temps passé à l’école pour les élèves, c’est-à-dire, dans les faits, à déscolariser massivement la jeunesse. n
Dominique Ferré
Enseignants à Chilly-Mazarin (Essonne)
   n Seine-Saint-Denis
comme partout, les ATTEE* sont l’une des
catégories les plus ex-
  Le syndicat FO des ATTEE de Seine-
Saint-Denis formule, dans un courrier
adressé au président du conseil dépar-
temental, Stéphane Troussel, cette exi-
gence. « Nous sommes aujourd’hui à
quelques heures de cette rentrée, et les
agents techniques travaillant dans les
collèges du département n’ont aucune
nouvelle de l’employeur que vous êtes.
Comment comprendre ? (...) Le “protocole
sanitaire renforcé” publié par le minis-
tère en fin de semaine explique que le
“nettoyage et la désinfection des locaux
et des équipements sont une composante
essentielle de la lutte contre la propaga-
tion du virus”. Suit une liste exigeante de
tâches à accomplir par les agents. Quels
sont les moyens que vous avez prévu de
débloquer pour faire face à ces nouvelles exigences ? Nous n’avons eu aucune communication de votre part à ce sujet non plus. Monsieur le Président du conseil départemental, beaucoup aujourd’hui sont intarissables sur les “valeurs de la République” (...). Cela signifie pour vous une responsabilité
* Adjoint territorial technique des établissements d’enseignement. Il s’agit des personnels ouvriers des collèges, dépendant du conseil départemental.
« Nous n’avons eu aucune communication de votre part (...). Vous connaissez notre revendication : une création de poste par collège et renforcement de l’équipe de remplaçants »
majeure : faire en sorte qu’effectivement les collèges puissent rester ouverts et donc être nettoyés, désinfectés régulièrement, que les poignées de porte soient désinfec- tées plusieurs fois par jour, que les services à la cantine soient réorganisés pour per- mettre à tous les élèves de déjeuner dans des conditions préservant leur santé (...). Tout cela est impossible sans procéder à des recrutements massifs d’agents. Vous connaissez notre revendication : une créa- tion de poste par collège et renforcement de l’équipe de remplaçants, soit créa- tion immédiate de 150 postes. C’est un minimum (...). Nous vous confirmons, par la présente, le préavis de grève pour le 17 novembre lancé par une très large intersyndicale professeurs-agents et vien- drons sous vos fenêtres, à cette occasion, vous rappeler la réalité et l’urgence de nos revendications. » n
Correspondants
         FCPE
« On ne peut pas demander aux parents de jouer le maître et la maîtresse »
Dimanche 1er novembre sur France Info, Rodrigo Arenas, coprésident de la Fédération des conseils de parents d’élèves
(FCPE), interrogé sur la reprise de la classe le 2 novembre, explique que pour pouvoir respecter les gestes bar- rières, « il faut massivement embau- cher des enseignants comme l’a fait l’Italie, c’est la seule façon qu’on a de lutter efficacement contre la propaga- tion du virus. » Pour cela, il indique une solution immédiate : « Faire ap- pel à la liste complémentaire, tous ces enseignants qui sont en attente d’être embauchés et qui sont disponibles pour faire baisser les effectifs dans les classes et permettre la distanciation physique dans les établissements dès lors qu’on utilise les salles mises à dis- position par les villes, les départements et les régions. » « Les parents d’élèves ne souhaitent pas revivre le cauche- mar de l’école à la maison qu’ils ont vécu pendant le premier confinement. On ne peut pas demander aux parents de jouer le maître et la maîtresse », rappelle-t-il très justement. n
   « Nous refusons d’aggraver encore le décrochage et les inégalités »
«ÀMonsieur le Directeur acadé- mique des services de l’Éducation
nationale
Objet : grève et demande d’au- dience urgente sur site
Monsieur le Directeur académique,
Nous nous sommes réunis, malgré les injonctions de notre ministre, afin de prépa- rer au mieux cette rentrée sous tension. En effet, on nous demande de faire face à une double difficulté, alors même qu’on nous confisque notre temps de concertation : la mise en œuvre de l’hommage à notre collègue assassiné dans l’exercice de ses fonctions et le renforcement d’un protocole sanitaire qui n’était déjà pas applicable en septembre en raison de nos effectifs et de l’état de nos locaux.
À la suite de notre assemblée générale, nous vous alertons sur le fait que nous refu- sons de pallier les manques de notre minis- tère. Les conditions actuelles dans lesquelles vous nous demandez d’enseigner sont inad- missibles au regard du contexte sanitaire et social. Par conséquent, nous serons en grève dès 11 h 30, après l’hommage à Samuel Paty, et nous vous demandons de venir à notre ren- contre dès aujourd’hui afin que l’on puisse vous exposer en détails nos revendications urgentes.
Procéder au recrutement de personnels pour alléger les effectifs
Nous exigeons l’allègement de nos effectifs par classe. Pour cela, il n’est pas question d’hy- bridation de nos cours ou de groupes d’élèves laissés à la maison. Nous refusons d’aggraver encore le décrochage et les inégalités. Afin de mettre en place cet allègement urgent, nous nous associons à la demande des organisa- tions syndicales FSU, FNEC FP-FO, SUD Édu- cation, Unsa Éducation, Sgen-CFDT, Snalc, CGT Éduc’action, SNCL-FAEN et UNL avec la FCPE qui “demandent au ministre de l’Édu- cation nationale de procéder au recrutement de personnels dès la reprise du 2 novembre, en particulier en ayant recours aux listes com- plémentaires des concours, et en ré-abondant
les listes complémentaires lorsque cela s’avère nécessaire.” Ce n’est qu’ainsi que nous pour- rons faire respecter les distanciations sociales et permettre à chaque élève de s’exprimer au sein des cours, en ce contexte où la liberté d’expression est essentielle.
Il n’y a qu’à cette condition que l’école peut assurer sa mission de service public.
Dans l’attente de votre venue dans notre établissement,
Veuillez recevoir, Monsieur le Directeur académique, l’assurance de notre engage- ment pour un service public de qualité. » n
Les enseignants du collège les Dînes Chiens, soutenus par les sections FO et Snes, le 2 novembre 2020
    

































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