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Cette part de rêve est donc intrinsèque à la  gure du pirate, personnage historique fait à la fois de chair et d'imaginaire. À ce titre, John Bowen et les trésors du "Speaker", son navire nau- fragé, ont clairement de quoi nous faire rêver le temps d'un  lm, tout comme ils ont fait rêver l'ar- chéologue Patrick Lizé (voir page 19), l'homme qui a découvert cette épave pirate en 1980 et en a exhumé quelques vestiges exceptionnels, conservés depuis au Musée de Mahébourg, à Maurice.
Pour parler des origines de l'idée de ce  lm, il nous faut remonter au mois de septembre 2018 : j'ai personnellement été contacté à ce moment-là par Jean Soulat, chercheur et archéo- logue français ayant décidé de travailler sur le "Speaker" depuis quelques mois. Après m'avoir donné des détails sur ce navire pirate de 40 canons (peut-être français) ayant fait naufrage en 1702 sur la côte Est de l'île Maurice, nous avons discuté quelque peu de l'importance historique du pirate John Bowen, que je connaissais bien entendu, mais qui me semblait d'une aura moins irradiante que celle d'Olivier le Vasseur, dit "La Buse", sur lequel j'étais en train de faire un  lm.
Dans le panthéon de l'océan Indien, il faut avouer que tous les autres forbans sont claire- ment écrasés par la  gure légendaire de La Buse et le poids que celui-ci détient dans l'imagi- naire et l'Histoire des îles de cette région du monde. Mais Bowen dévoile néanmoins beaucoup de facettes qui en font un très beau sujet de documentaire. Jean Soulat m'a rappelé son origine britannique, qu'il était né aux Bermudes au XVIIe siècle, qu'après avoir accompli l'exploit dit de la "Ronde des Pirates" et rejoint l'océan Indien, il était devenu le capitaine d'un navire nommé "Speaker" avec lequel il avait fait d'impressionnantes prises aux abords de la Mer rouge ; prises dont la cargaison l'avait vraisemblablement rendu riche ainsi que les membres de son équipage. Ce qu'il faut savoir encore, outre son naufrage en 1702, c'est que Bowen a été amnistié puis est décédé en 1705 à La Réunion. Son décès a été enregistré par le gouverneur Villers. Ce lien de Bowen avec mon île natale ne m'était pas inconnu ; cela représente un point fort à mes yeux car il permet un ancrage de notre investigation documentaire dans l'Histoire maritime de La Réunion et, plus largement, dans celle de La France.
Au-delà de ce détail historique, le fait est que l'on se trouve face un forban appartenant clai- rement au gotha des pirates les plus célèbres. Il fait partie des 25  ibustiers évoqués par Daniel Defoe dans son livre sur la piraterie de 1724. L'épave de son "Speaker", noyée au fond des eaux mauriciennes, l'a même transformé, de par la simple rareté du phénomène (6 épaves pirates seulement ont été repérées dans le monde), en une  gure incontournable, voire immortelle, de la Piraterie. John Bowen constitue, à ce titre, l'un des rares pirates dont l'on peut retrouver des traces matérielles en ce monde : celles-ci sont à 7 mètres de profondeur dans une zone située près de l'île aux Roches, à l'Est de l'île Maurice.
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