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La réussite de cette mission de novembre 2020 dépend évidemment des conditions climatiques puisque, il faut le savoir, le site de l’épave est localisé derrière le récif corallien et reste soumis une grande partie de l’année à la houle qui entraîne de forts courants sous-marins. Un temps calme est donc requis pour mener à bien les investigations sur place. C'est là un détail qui n'a rien d'innocent. Même si le succès de cette exploration semble clairement en bonne voie, la narration s'appuie à ce moment précis sur cette incertitude, source de "suspense" et de tensions ; elle dévoile ainsi un potentiel "obsta- cle" à la réussite de la mission : la météo ! L'attente anxiogène de l'équipe des archéologues concernant les conditions climatiques, visible lors leur écoute angoissée des bulletins radio, se communique, au  l des minutes, au télés- pectateur lui-même. Mais cette peur de l'échec se dissipe et  nit par rendre l'instant de la plongée sur l'épave encore plus fort et inoubliable.
L’archéologie de la piraterie est, comme nous l'explique bientôt l'archéo- logue Jean Soulat, un moyen de mieux connaître le mode de vie de ces bandits des mers. Peu développée en France et en Europe, cette discipline récente en archéologie conduit depuis maintenant près de 50 ans des recherches et des fouilles archéologiques entre la côte est des Etats-Unis, les Caraïbes et l’océan Indien où plusieurs épaves pirates ont été découvertes et identi ées (voir p. 26). Une première analyse de la culture matérielle du "Speaker" a permis de mettre en avant une certaine singularité du mobilier. C’est particulièrement les objets retrouvés sur l’épave qui permettent d’a rmer que le bâtiment est bien pirate tandis que les archives, la zone du naufrage et le nombre de canons permettent de l’identi er précisément. L’un des critères repose notamment sur la mixité géographique du mobilier. Celle-ci associe une forte in uence britannique en lien avec l’équipage anglais du navire ainsi que des objets pro- venant d’Europe (Italie, France, Allemagne, Autriche, Hollande, Espagne via le Pérou et le Mexique), de l’Empire ottoman, d’Inde et de Chine qui sont les témoins des multiples prises e ectuées dans l’océan Indien par l’équipage. De nombreux objets personnels ayant appartenu aux pirates ont été retrou- vés comme des boutons, boucles de chausse, bagues et bracelet britanniques, une roupie indienne transformée en médaillon avec sa chaîne, des restes de pipes hollandaises et anglaises en terre cuite, des cadenas ou des couteaux. La vaisselle témoigne des prises et du multiculturalisme avec une cuillère bri- tannique en laiton, des restes de bouteille et de  acon de verre britannique (en forme d’oignon ou quadrangulaire) pour l’alcool, des restes de vases de stockage asiatique du Siam fabriqués à Bang Rachan, province de Sing Buri (Thaïlande), des tessons de porcelaine chinoise de la ville de Jingdezhen (Ching-te Chen), dans la province de Jiangxi (sud-est de la Chine), période Kangxi (1662-1722) ou encore des fragments de cruches en grès rhénan.
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