Page 1 - tete Helo
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C’était l’époque où on pouvait encore changer de tête, il suffisait de
la commander sur internet. Tu pouvais vivre incognito, avoir la tête
de l’emploi, ou même te coller une tête de veau. Mais les choses ont
dégénéré quand un virus est venu perturber le système. Ce petit germe
a fait perdre la tête à tout le monde. Impossible dorénavant de changer
de tête. Il fallait garder la tête sur les épaules. « Rupture de stock »
ils disaient.
Celui qui était à la tête de tout ça, avait une idée derrière la tête :
pouvoir reconnaître chaque individu afin de le paramétrer dans un
fichier système. Il pourrait alors configurer des paramètres par défaut
et les modifier à sa guise.
Mais je comptais bien n’en faire qu’à ma tête. Il m’en restait une de
côté pour que je garde la tête dans les nuages. J’étais devenu une vraie
tête brûlée. Impossible de me faire reconnaître par les capteurs des
drones qui flottaient au dessus de ma tête. Je n’avais qu’une seule idée
en tête, avancer bille en tête, pour leur remettre les idées en place. Je
me refusais à devenir la tête de turc mais je sentais bien qu’ils étaient
tombés sur la tête. Tout ce chamboulement me prenait la tête mais je
me suis creusée la tête. Il était hors de question que ce satané virus me
coupe la tête.
J’ai donc réfléchi à tête reposée et j’ai pris une décision. Si Internet
ne pouvait plus nous aider, nous allions unir nos forces et créer nos
propres têtes à louer. J’ai fait alors appel à toutes les têtes pensantes de
mon quartier afin que chacun contribue à cette révolution. Je leur ai dit
de ne pas se mettre martel en tête et que nous allions vaincre. Chacun
s’est alors muni de son talent, de son envie et de sa persévérance et
nous avons mis en place un système de location de tête. Nous avions
une armée de têtes bien faites avec des têtes de pioche, des têtes de
mules, des têtes à queue, des têtes de nœuds, des têtes de cochons,
des têtes à claques…Nous avons mis tout en place pour ne pas que l’on
marche sur la tête.
Il avait pourtant mis sa tête à couper que nous n’y arriverions pas. Mais
lorsque celui qui était à la tête, a vu que nous n’étions pas des têtes en
l’air, il a commencé à faire la tête. Il a fini par se rendre compte que son
idée n’avait ni queue ni tête et qu’il valait mieux capituler.
Sans prendre la grosse tête, nous nous sommes tous félicités de ne pas
avoir laissé l’homme de tête gagné !