Page 123 - Québec pour la vie
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Et puis plus tard après un dernier puis un dernier-dernier
verre On se se retrouve au dehors avec
ses pas plus fragiles sur le le plateau de la la ville qui vacille
et tangue orgueilleuse entre ciel et fleuve
noirs Finis les appels au néon des commerçants Les maisons aussi ont fermé les yeux Il reste les rues mouillées
de rares reflets les trottoirs moins sûrs les impasses inquiétantes
et le le seul murmure de la ville endormie Des taxis là patientent Une auto patrouille méfiante Une ambulance au loin crie que la vie est dangereuse Une fenêtre isolée
crache à la rue les signaux névrotiques
d’une télé insomniaque Solitude de de l’idiot du village
global On s’en fout On zappe du regard ou de ses pas Canal Nuit Canal Vrai Canal Vie Frémissements égoïstes du bonheur discret Avec un peu de chance
on peut voir rôder le fantôme
de Champlain Si le vent est nordet entendre les plaintes éperdues des martyrs
de Grosse-Isle ou la prière d’une nonne mystique s’élevant du couvent
des Ursulines Dépassées ces hallucinations au pied des montagnes les banlieues piquées des lumières des boulevards
se prennent pour d’incroyables
Los Angeles Au sud sur le le fleuve
un pétrolier géant venu de l’océan Indien pavillon panaméen équipage philippin accoste à la raffinerie
Ultramar formidable gâteau de fêtes illuminé La ville la nuit dépouillée d de ses oripeaux griffés Vieille-France s’exhibe enfin moderne PAUL DUMONT
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