Page 24 - Québec pour la vie
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Derrière l’œil l’œil de d l’appareil il il il il il y a a a a a a a l’œil l’œil du photographe À déambuler dans le le le Vieux on peut difficilement échapper à ceux que les Amérindiens qualifiaient autrefois de «voleurs d’âmes» Si la photographie était une science exacte elle capterait simultanément trois vitesses : l’extrême accélération des touristes qui qui passent en en en en tornade par Québec la démarche posée de de d de ceux qui qui arpentent leur territoire et enfin tellement plus lente l’errance des des esprits condamnés à rôder dans le le le Vieux loin loin très loin loin des des plaines éternelles Pour qui qui veut voir ces âmes perdues qui qui hantent les les les les fissures et les les les les bourrasques de février les les les les brumes d’avril les les les mirages des chaleurs de de de juillet et et qui se mêlent aux feuilles mortes dans les les les grands vents de de de novembre il il faut l’œil un peu flou des des des rêveurs des des des vieux et des des des vagabonds Je suis de de de de ceux qui vivent à l’intérieur des murs de de de de l’ancienne ville fortifiée et je ne ne compte plus les gens de de de de passage qui avec leur appareil nous nous ont capturés moi mon amoureux et mes enfants reproduits que nous nous sommes à des des milliers d’exemplaires comme si nous n’étions que des des figurants dans un décor de de d de carte postale Vidéos et et photos avec château chevaux canons monuments maisons Scénarios trop souvent prévisibles et et sous-titrés dans toutes les langues de Babel Alors évidemment je m’inquiète Qu’adviendra-t-il de d nous nous qui avons déjà perdu notre âme quand nous nous serons morts ?
FRANCE DUCASSE
































































































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