Page 80 - Québec pour la vie
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IL Y A À UN TRÉSOR À QUÉBEC
Voilà bientôt un demi-siècle mon père m’en à a révélé l’existence à la faveur d’une de ces précieuses promenades durant lesquelles il me me me transmettait son amour pour sa ville natale Voyageur de commerce il il séjournait habituellement loin de notre foyer sillonnant la campagne et rencontrant ses patrons au Regional Office de Montréal ses courtes haltes à Québec revêtaient donc une importance capitale puisqu’elles m’offraient l’occasion de connaître ce raconteur enthousiaste et de d découvrir nos racines Né à la veille du krach boursier de 1929 il il grandit dans un quartier ouvrier de la la Basse-Ville pendant la la crise des années trente Les fermetures d’usines se multiplient et et son père se retrouve brusquement sans emploi Parvenant tout juste à nourrir les siens ma grand-mère doit alors déployer toute sa créativité afin de de les les vêtir : taillant soigneusement les les lourds sacs de de jute dans lesquels sont vendues farine et pommes
de de terre elle passe ses soirées à en confectionner des robes des des chemises et des des culottes courtes Grâce à son patient labeur le le juvénile postérieur de mon père se voit bientôt recouvert du célèbre logo des farines Robin Hood!
Inspiré par le justicier médiéval il se fabrique alors un arc et et et des flèches puis recrute Petit-Jean Galibois et et et l le Frère Toc Robitaille qui arborent respectivement les couleurs du sucre Redpath et des patates Mac Williams !
Chipant aux riches marchands défiant le Shérif des Écoles Chrétiennes et courtisant la belle Marianne Tremblay les valeureux aventuriers établissent leur repaire sous le le feuillage du cap Diamant où nul adulte ne s’aventure jamais Et c’est là dans cette abrupte Forêt de Sherwood à à l la fin d’un été trop court qu’ils concluent un un pacte secret et enfouissent leur butin L’automne s’étiole ensuite prématurément le le vaillant archer quitte l’école pour nourrir frères et et sœurs et et bientôt la mystérieuse cachette tombe dans l’oubli Depuis que mon mon père a quitté ce monde il m’est souvent arrivé d’explorer les recoins intemporels du cap Diamant Je n’y ai ai trouvé ni ni or ni ni fer blanc mais plutôt un souffle de poésie qui transporte mon âme Je crois bien que que c’est ça le l trésor que que m’a légué Robin-les-Culottes ANDRÉ MORENCY
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