Page 27 - Rebelle-Santé n° 207
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LA CHRONIQUE DE PINAR
portables, notre façon de commu- niquer se transforme. Cette société de consommation dans laquelle nous vivons tue la poésie. On est comme des che- vaux de course. Le travail, le tra- vail, le travail, les courses, un sport vite fait, notre maison, notre voi- ture, les courses, la télé, le temps de dormir, le travail, le travail... Un emploi du temps trop rempli. Il ne reste plus de temps pour écouter chanter les merles, pour entendre vrombir les abeilles, pour regarder la danse des fourmis... Trop rempli. Alors on ne prend pas le temps de se dire : « À partir de maintenant, tous les jours, à telle heure, je lirai des poèmes. Seulement quelques minutes. Mais tous les jours. Pour ne pas oublier la poésie de la vie. » Entraînés dans un tourbillon d’acti- vités, on laisse les tueurs de poésie gagner le combat. Et notre vie sans poésie finit par ressembler à un jar- din sans fleur.
MA RÉSOLUTION
Moi non plus je n’ai pas de temps. Pourtant, j’ai pris cette décision :
« À partir de maintenant, tous les jours à la même heure, je lirai des poèmes. » J’y consacre quinze minutes. Un quart d’heure tous les jours pour que le jardin de ma vie fleu- risse.
Je me lève, je fais mon « petit sport » et mes cinq rites tibétains, j’arrose les plantes sur mon petit balcon, je mange, je prends ma douche et je m’assois sur le canapé pour lire...
La semaine dernière, j’ai voyagé avec les poèmes de Lydie Dattas. Par exemple, le fameux Jour et Nuit :
« (...) J’ai marché dans la nuit comme au milieu du jour : le ciel était couvert entièrement d’étoiles,
les étoiles éclairaient autant que le soleil, ce terrible soleil qui éclaire la nuit. La nuit me consacrait ses heures les plus belles,
la nuit avait pour moi la beauté de l’azur, je buvais la rosée dans la coupe des roses,
les étoiles étaient aussi jeunes que moi. (...) »
Elle est super, cette poétesse. La se- maine dernière, ses poèmes m’ont accompagnée dans toutes mes activités, me rappelant la lumière dans la nuit. Ce terrible soleil qui éclaire la nuit...
Ce matin, je ne suis pas à la mai- son, je vous écris d’un petit hôtel et je viens de remarquer que j’ai oublié de mettre dans mon sac un livre de poèmes. Alors, je m’assois sur le lit et je récite le poème de Prévert dont une partie me revient en mémoire. Écoutez :
« Quand la vie est un collier Chaque jour est une perle Quand la vie est une cage Chaque jour est une larme Quand la vie est une forêt Chaque jour est un arbre (...) »
Grâce aux poèmes, ma vie est en train de devenir un collier de perles et c’est moi qui les ajoute pour le rendre toujours plus beau.
Que votre été soit magique et poé- tique !
Pınar
Rebelle-Santé N° 207 27