Page 6 - Rebelle-Santé n° 212
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En bref par Sophie Lacoste
OGM : une nouvelle étude...
Vous vous souvenez sans doute de l’étude menée par Gilles-Éric Séralini sur les OGM, avec des consé- quences dramatiques observées sur des rats. C’était en 2014 et, à la suite de la publication de cette étude, les remises en cause ont été nombreuses... J’invite celles et ceux qui voudraient s’informer en détails à regarder le documentaire « Tous Cobayes » (de Jean-Paul Jaud), dont c’est le sujet central (on le trouve en DVD). Aujourd’hui, de récents travaux sur les OGM viennent soi-disant « contredire » ceux de Gilles-Éric Séralini... Le Criigen (Comité de recherche et d'information indé- pendantes sur le génie génétique), dans un communi- qué envoyé à la presse fin décembre, explique à quel point il est triste et dangereux que des scientifiques et des journalistes scientifiques reprennent les arguments d’études qui ne sont en rien comparables à celle de G. E. Séralini.
En effet, l'étude de Séralini porte sur la vie entière des rats (30 mois) et non sur 3 mois seulement. Non seule- ment la durée de l'étude récemment publiée est bien
plus courte mais, en plus, ses auteurs considèrent « que le fait d’avoir testé deux OGM pendant 3, voire 6 mois, permet d’affirmer que tous les OGM sont sans effets pour la santé ».
Par ailleurs, outre les OGM, l’étude de Séralini est la seule au monde « à avoir évalué les effets d’une consom- mation chronique (2 ans) de faibles doses d’un pesti- cide dans sa formulation commerciale. Ces résultats demeurent dans le corpus scientifique, et n’ont jamais été remis en cause ni infirmés. » Et les conséquences de la consommation de glyphosate sont inquiétantes : « Les animaux ayant consommé des doses très faibles (infé- rieures à celle autorisée dans l’eau potable) d’herbicide à base de glyphosate développent des pathologies du foie, et en particulier une stéatose hépatique. »
En résumé, pourquoi les détracteurs de l’étude de Séra- lini ne la reproduisent-ils pas à l’identique s’ils veulent vraiment la remettre en cause ? C’est bien la question...
Dépakine® : un autre scandale...
De nombreux enfants sont nés handicapés suite à l'exposition in utero à la Dépakine®, au Dépakote® ou à la Dépamide® et à d'autres antiépileptiques pris pendant la grossesse, sans que les parents n’aient été informés des risques. Or, depuis les années 1980, le laboratoire Sanofi connaissait les dangers du valproate de sodium – le principe actif de ces médicaments – chez les femmes enceintes et a attendu plus de 20 ans avant de l’inscrire sur les notices, enfin, en 2006.
L’été dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la Caisse natio- nale d’assurance maladie (CNAM) ont publié un document relatant les résultats d’une analyse du système natio- nal des données de santé. Les chiffres, relevés jusqu’au 31 décembre 2016, concernaient 1,7 million d’enfants nés entre le 1er janvier 2011 et le 31 décembre 2014. 8 848 d’entre eux avaient été exposés in utero à différents traitements antiépileptiques (dont 991 au valproate). Cette étude a montré qu’à l’âge moyen de 3,6 ans, les enfants dont la mère avait pris du valproate au cours de la grossesse présentaient un risque quatre à cinq fois plus élevé d’avoir un diagnostic de « troubles mentaux et du comportement » précoces (avant l’âge de 6 ans) que les enfants dont la mère n’avait pas pris d’antiépileptique pendant la grossesse. On estime que 30 à 40 % des enfants exposés seraient concernés, ce qui donne une évaluation entre 16 600 et 30 400 enfants atteints de troubles neuro-développementaux précoces à cause du traitement entre 1967 et 2016.
En novembre 2017, la cour d’appel d’Orléans a condamné le laboratoire Sanofi à verser 2 millions d’euros à l’une des victimes et 1 million à la CPAM. Sanofi a fait appel. En attendant, un fonds d’indemnisation se met en place. Et si Sanofi ne veut pas indemniser, c’est l’Oniam qui le fera, un organisme public d'indemnisation des victimes, autant dire l’argent du contribuable, le nôtre, le vôtre... Et à raison de 2 millions par victime et de 30 000 victimes, ça fait une note de 60 milliards.
À lire aussi : l’interview de Cyril Pocréaux p. 42.
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