Page 8 - Rebelle-Santé n° 208
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Sucre, épisode 2 : la semaine (dé)goût
par Sophie Lacoste
Dans ma boîte mail début juillet, j'ai reçu les dates de la semaine du goût 2018. Ce sera cette année entre le 8 et le 14 octobre. Et vous savez qui est à l'origine de cette grande mani- festation nationale censée éduquer les enfants au bon goût ? Allez, devinez !
Je me contente de copier-coller Wikipedia : « "La Semaine du Goût" (initialement "La Journée du Goût") est une marque déposée et un évènement autour du goût et de la gastronomie créé en 1990 par les industriels français du secteur du sucre en parte- nariat avec Jean-Luc Petitrenaud, journaliste culinaire. Le ministère de l'Éducation nationale est partenaire de l'évènement. Il s'agit d'un évènement très médiatique dont l'objectif
Myopie : les enfants dehors !
En 2050, la moitié de la population mondiale sera myope si les tendances actuelles se poursuivent (contre 23 % en 2000). 27 % des enfants entre 0 et 6 ans sont déjà myopes, 18 % des Français de plus de 18 ans le sont.
Comment y remédier ? En incitant les enfants à jouer dehors et en rangeant les tablettes, ordinateurs et autres smartphones.
Le manque de lumière naturelle est sans doute la pre- mière cause de cette épidémie de myopie. Des cher- cheurs de l'université de Canberra (Australie) en colla- boration avec des Japonais et des Singapouriens l’ont démontré. Une étude menée à l'université de Cardiff (Irlande) montre par ailleurs que chaque heure passée en plein air diminuerait les risques de développer la myopie de 2 %. Cet effet du manque de lumière natu- relle s’expliquerait par un manque de dopamine. Ce neurotransmetteur, dont la concentration augmente proportionnellement à l’exposition à la lumière natu- relle, stopperait la croissance de l'œil. Et dans le cas de la myopie, l’œil continue à s’allonger, déformant la vision.
est d'éduquer les consommateurs, et surtout les en- fants, aux goûts. Des guides et des dépliants y sont notamment distribués dans les écoles afin d'encoura- ger la consommation de sucre, pourtant décrié par les nutritionnistes. »
Un peu d'histoire : « La Journée du goût est initiée à Paris en octobre 1990 par la Collective du Sucre, (...). À l'origine, l'objectif est de contrer la mode du "light", qui privilégie une dimi- nution du sucre ou l'utilisation de ses alternatives. »
La Collective du Sucre dépense chaque année 400 000 € pour la communication à l'occasion de l'évènement.
On nous prend vraiment pour des tartes (au sucre !).
Le purin d’ortie recalé au sénat : la nature décidément trop dangereuse ! (pour qui ?)
C’est à s’arracher les cheveux (avant qu’ils ne tom- bent) : « Certaines plantes ont été refusées par les instances européennes en raison de leur toxicité. La courge, si elle est trop consommée, fait tomber les cheveux. Les feuilles de rhubarbe sont si toxiques qu'elles tuent la vie du compost. »
Voilà ce qu’a affirmé notre ministre de l’agriculture, Stéphane Travert, pour faire trembler les sénateurs de- vant le purin d’ortie ! Et on peut saluer son efficacité puisque les sénateurs ont voté comme il le souhaitait : ils ont recalé l’autori- sation des purins de plantes et préparations naturelles comme alternative aux intrants chimiques.
Pas étonnant qu’on ne veuille pas non plus inscrire dans la loi l’interdiction de l’usage du glyphosate d’ici 3 ans... Décidément, tout est donc possible.
Lors de l’examen de la loi agriculture et alimentation au sénat, le sénateur Joël Labbé, qui se bat avec cou- rage pour défendre des valeurs écologiques et soli- daires depuis des années, a fait remarquer l’absurdité de la situation.
Lors de la séance du 2 juillet, il a brandi une facture du jardin du Luxembourg, à Paris, sur laquelle figu- rait clairement que les jardiniers du sénat eux-mêmes utilisent des préparations à base d’ail et de purin de plantes.
Car, évidemment, il y a bien moins à craindre des intrants naturels que des poisons chimiques qui sont déversés par tonnes dans les champs. Mais voilà : les herbicides et autres polluants de synthèse représen- tent un marché très conséquent.
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