Page 119 - Rebelle-Santé n° 196
P. 119

JARDIN BIO
cuLTIVez VoS coLorANTS !
Les plantes tinctoriales sont les plantes qui produisent des colorants. Nombreuses sont celles qui font partie de notre quotidien... Jetons un petit coup d’œil autour de nous !
Reine-des-prés
Depuis des milliers d’années, les humains s’intéressent à la teinture végétale. Long-
temps, la couleur est restée sym- bole de préciosité, de richesse, et il a fallu l’apparition des teintures chimiques au XIXe siècle pour qu’elle devienne plus banale. Aujourd’hui, les plantes tincto- riales reviennent sur le devant de la scène : leurs colorants naturels sont moins polluants que ceux de synthèse, moins allergisants, et leurs qualités esthétiques inté- ressent à la fois l’agroalimentaire, le secteur du textile, de l’art, de la pharmacie et de la cosmétique.
LA couLeur, çA MArche coMMeNT ?
Les plantes tinctoriales fabriquent des molécules qui absorbent cer- taines longueurs d’ondes du rayon- nement lumineux que nous rece- vons du soleil et réfléchissent le reste. C’est la partie réfléchie que
nos yeux perçoivent et analysent pour désigner la couleur. Ainsi, une cotonnade est rouge car elle absorbe toutes les teintes du rayon- nement lumineux, sauf le spectre du rouge.
LeS proprIéTéS TINcTorIALeS DeS pLANTeS, uN uNIVerS coMpLeXe
Le pouvoir colorant d’une plante résulte d’un équilibre subtil entre les différents composés chimiques qu’elle va synthétiser et éventuelle- ment stocker dans certains organes (graines, racines...).
Les caractéristiques génétiques de chaque espèce déterminent la présence d’un nombre variable de molécules (de 5 à plus de 25) d’une même famille chimique spé- cifique d’une couleur donnée. Pour la garance, par exemple : le colorant rouge obtenu à partir de la racine est constitué, entre autres, de l’alizarine, la purpurine,
la rubiadine... qui ont tous la même structure chimique de base : l’anthraquinone. Parfois, plusieurs familles chimiques coexistent : dans l’indigo (bleu indigo), on trouve de l’indigotine ; dans la guède (pastel des teinturiers), à l’indigotine s’ajoutent des flavonoïdes, le colorant obtenu est bleu-vert.
Une même plante peut fournir plusieurs colorants : on obtient du bleu-mauve avec les baies de sureau noir et du jaune avec les feuilles. Les lichens colorent en jaune, mais en les faisant fermen- ter, on obtient du pourpre !
Les propriétés colorantes varient aussi avec l’âge de la plante, les organes utilisés et leur maturité, le climat, le sol (degré d’acidité, richesse en certains oligo-élé- ments), l’exposition à la lumière et les conditions de culture (arrosage, apport d’engrais, stress...), les conditions de récolte et de conser- vation.
On comprend mieux les nuances multiples qui font le charme des teintures naturelles ! D’autant que le résultat dépend aussi des procédés techniques d’extraction des colorants, de leur fixation...
regArDez VoTre poTAger eT VoS MASSIfS D’uN AuTre œIL !
Voici une liste de quelques plantes tinctoriales assez classiques dans les jardins. Certaines d’entre elles sont utilisées par Moune (voir page 106), mais je n’ai pas résisté à vous en présenter également quelques autres.
Suite p. 120
Rebelle-Santé N° 196	119
© A. David


































































































   117   118   119   120   121