Page 11 - Rebelle-santé n° 202 Extrait "cantine bio-bustronomie"
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rencontre
Charles et Mélina
Pour un défi, c’en est un et pas des moindres : trouver l’argent pour concrétiser leur rêve leur a pris quelques années. Mais « le jeu en valait
la chandelle » : aujourd’hui, le bus gastronomique affiche complet plusieurs mois à l’avance ! « Nous sommes tous les deux issus de la restauration, raconte Charles Moncouyoux. Cela fait 15 ans que nous exerçons ce métier. Nous nous sommes rencontrés chez Régis et Jacques Marcon, chefs étoilés à Saint-Bonnet-le-Froid, en Haute-Loire. Mélina était en salle et moi en cuisine. J’ai passé le concours du Bocuse d’Or avec Serge Vieira, restaurateur à Chaudes-Aigues, dans le Cantal. Puis, pendant 7 ans, j’ai appris le métier en étant second en cuisine, alors que Mélina était maître d’hôtel en salle... Originaires d’Auvergne, on cherchait à s’installer dans le Puy-de- Dôme. Beaucoup de gens dans les communes nous demandaient de venir nous poser chez eux ! Nous avons eu énormément de propositions – entre 40 et 50 demandes ! » Et finalement ils ne se sont pas fixés, puisqu’ils voyagent sans cesse...
Au détour d’un repas sur l’eau
C’est à Paris, au cours d’un dîner sur une péniche, que le couple a eu l’idée géniale de détourner ce projet (manger sur l’eau), irréalisable sur les eaux tumultueuses de la Loire, mais tout à fait faisable en mettant... un bus-restaurant sur les routes ! Charles a d’abord proposé à son épouse d’aménager un food truck*, comme on en voit de plus en plus, mais « elle n’a pas été conquise. Elle a trouvé l’idée du bus bien meilleure et c’est parti comme ça ».
Il a fallu au couple deux années pour monter leur pro- jet, certes original, mais un peu fou quand même. Op- timiste et plein d’entrain, ils ont trouvé le bus de leurs rêves : un long courrier breton ! Un bus à étage dont il a fallu couper le toit pour pouvoir se tenir debout.
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Le coup de pouce du financement participatif
Trouver les 490 000 € nécessaires au projet ne fut pas une mince affaire, on s’en doute. Achat du bus, amé- nagement, mise aux normes : tout coûtait cher. Mais Charles et Mélina y croyaient et ont foncé.
Au début, bien sûr, les banquiers leur riaient genti- ment au nez. Prêter une somme pareille ? Vous n’y pensez pas ! Alors, grâce à un crowdfunding (finance- ment participatif) suggéré par les chefs Régis Marcon et Philippe Brun qui les ont encouragés et soutenus, ils ont commencé en récoltant – à leur grande sur- prise – presque 10 000 € ! Le projet plaisait, à n’en pas douter.
Et voilà les banquiers séduits ! Le Conseil général du Puy-de-Dôme a également apporté sa pierre au projet en prenant en charge 17 000 €... Les travaux ont pu commencer, dans la Drôme, pour ce restaurant pas comme les autres. Une cuisine a été aménagée au rez-de-chaussée et la salle, à l’étage, pouvant accueillir 26 convives (d’où le nom donné au bus), a elle aussi été mise en beauté, chauffée, climati- sée. Bref, de quoi cocooner les futurs invités.
Le moment de vérité
Est enfin arrivé le moment tant espéré, un beau jour de juillet 2014, dans la petite cité thermale de Châtel- Guyon : l’inauguration. « Au bout de deux semaines, on affichait complet midi et soir, tous les jours », s’étonne encore Charles Moncouyoux. Ce qui l’a ras- suré, bien sûr, car, à l’évidence, ces deux-là n’avaient pas droit à l’erreur... « On était attendus, et nous sommes au rendez-vous ! Nous avons de la chance. » De la chance ? Oui, mais du travail aussi. Le couple se lève aux aurores pour emmener le bus sur le lieu choisi, la place d’un village où ils accueilleront leurs hôtes chaque jour, pendant environ 3 semaines.
© Denis Pourcher


































































































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