Page 49 - Penser et faire son son enseignement V1

Enjeux politiques et éducatifs
Traditionnellement et culturellement, la notion d’évaluation en France est appréhendée comme un volume de connaissances engrangées et la capacité à fournir la “bonne réponse” à la question posée. Elle tend à classer, favorise la
mise en concurrence entre pairs et invite au Elle conduit à la perte de confiance et de pour apprendre, voire engendre le rejet par cette pression évaluative qu’elle continuellement sur les élèves. (Evain, 2016) Elle est alors vécue comme une sanction, discriminante, ou encore “carotte” et maintenir la classe. De surcroît, elle les creux que les bosses, et renvoie trop image dégradée de ses compétences et de qui émaille l’estime et la confiance en soi
jugement. motivation de l’école
Aussi, même si elle peut rester motivante élèves, elle demeure néanmoins stressante voire bloquante, et agit plus comme un levier à l’apprentissage. C’est ainsi qu’au enquêtes internationales (PISA), les élèves préfèrent ne pas répondre plutôt que de Elle est mal comprise, voire non comprise. sont implicites, courts, peu spécifiés et et donc peu porteurs d’apprentissages. caractère systématique et mécanique, au contrôle pour le professeur, l’évaluation d’apprentissage, si nécessaire aux élèves
pour les meilleurs pour tous, frein qu’un QR code travers des f r a n ç a i s se tromper. Ses messages Lien vidéo : MÜLLER F. (2014) personnalisés Evaluer“pourlesapprentis-Par son
L’enjeu aujourd’hui est de renverser cette tendance pour faire de l’évaluation un cercle vertueux de la réussite scolaire et de l’épanouissement personnel. Il s’agit alors d’opérer un glissement de paradigme pour que toutes formes de prises d’informations sur l’activité de l’élève concourent à identifier les plus-values du travail, les processus mis en jeu et les progrès lui permettant de poursuivre son apprentissage (Evain 2015). Il s’agit alors d’évaluer sans dévaluer. Il convient de rappeler les recommandations de la Loi d’orientation de 2013, véritable fil rouge en matière d’évaluation. Cette loi précise que “Les modalités de notation des élèves doivent évoluer pour éviter une “notation-sanction” à faible valeur pédagogique et privilégier une évaluation positive, simple et lisible, valorisant les progrès, encourageant les initiatives et compréhensible par les familles”. Évaluer pour mieux faire apprendre est un changement de paradigme à opérer en considérant l’évaluation comme un “message” plus qu’une “mesure” (Rey, Feyfant 2014). L’évaluation au fil de l’eau doit ainsi permettre de guider les élèves, d’accompagner la prise d’information, d’éduquer le regard et de montrer le chemin entre ce qui a été réalisé et ce qu’il reste à parcourir. L’usage d’indicateurs est ici déterminant dans le sens où ceux-ci montrent la direction à prendre et balisent le chemin de l’apprentissage (Gibon 2015). Cette évaluation rénovée est valorisante, positive et bienveillante car elle acte les progrès, nourrit un sentiment de compétence, renvoie une image gratifiante et renforce et/ou régule l’estime de soi des élèves. De même, elle donne ou redonne confiance en soi et favorise la motivation intrinsèque par le sentiment de contrôle qu’elle développe. Ainsi, le statut de l’erreur est redéfinit comme ingrédient légitime invitant à l’analyse et devient un véritable levier formatif.
En conclusion, il semble nécessaire de prendre conscience de ce formatage culturel pour moins culpabiliser lorsque des erreurs apparaissent. Il est ici question d’une révolution mentale : passer d’une pédagogie intimidante à une pédagogie stimulante et sécurisante. À ce titre, l’erreur est réhabilitée en tant qu’information utile pour mieux apprendre. Ainsi, les pratiques d’évaluation doivent évoluer et passer d’une logique de contrôle à une logique de régulation, d’appui et de renforcement pour les apprentissages.
Tilagone QRcode e x e r c e évaluation
Lien article : EVAIN D. (2013) pour tenir
L’évaluation pilote, e-novEPS n° 4.
pointe plus souvent une ses capacités
sages”, ça marche !.
service du vole du temps (Müller 2013).
(Evain 2013)
Évaluer au fil de l’eau
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