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 Saynètes de métiers de l’orfèvre Johann Heinrich Köhler (1708)
qui réalise en 1707 la scène du « Trône du Grand Mogol Aurangzeb ». Présentée sur une large table, les 132 figurines en or et argent sont ornées d’émail et d’une profusion de pierres précieuses. Cette pièce maîtresse est placée au centre d’une salle entièrement dédiée à cet orfèvre hors pair. Il a également réalisé les plus belles coupes en agate ou calcédoines soutenues par des sculptures de femmes ou d’animaux fantastiques. Son service à café en or rappelle l’incroyable invention de la première porcelaine d’Europe, réalisée à la cour d’Auguste le Fort.
Le musée de la porcelaine de Dresde
Le palais du Zwinger renferme la plus vaste et la plus précieuse collection de céramique au monde.
Auguste le Fort se qualifiait lui-même d’être atteint de « la maladie de porcelaine » créant une collection unique entièrement dédiée à sa passion pour « l’or blanc ».
Fasciné par la porcelaine chinoise, il charge en 1707 son alchimiste Johann Friedrich de percer le secret de la fabrication de l’or à partir de métaux communs.
Dans le même processus, développant des fours à la chaleur extrême (1450 degrés), Johann Friedrich Böttger réussit à produire un grès rouge qu’il remplacera par du kaolin blanc créant la célèbre porcelaine blanche. A défaut de découvrir l’alchimie pour créer l’or, il découvre la première porcelaine et la manufacture de Meissen voit le jour.
Au musée aujourd’hui, l’éventail de porcelaines exposées va des vestiges de la dynastie chinoise Ming aux porcelaines japonaises Imari et Kakiemon du début du XVIIe et du XVIIIe siècle, en passant par les collections datant du règne de l’empereur Kangxi.
Bien entendu, le musée présente aussi l’évolution de la porcelaine de Meissen, depuis son invention jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Pour mettre en valeur les pièces d’exceptions constituées de sculptures géantes d’animaux en porcelaine (rhinocéros, fauves, oiseaux), la direction du musée a fait appel à l’architecte new-yorkais Peter Marino qui a réaménagé l’intérieur des deux galeries sous arcades du magnifique palais du Zwinger.
Pour découvrir ces deux musées, il vous faudra au moins l’espace d’un week-end et si vous souhaitez en découvrir plus, la ville regorge d’étonnants édifices exotiques comme le Palais Japonais ou à l’extérieur, le Château Pillnitz sur les bord de l’Elbe avec son jardin anglais, orné d’un camélia historique de plus de 230 ans.
Pour plus de renseignements : www.skd.museum
afjet - Carnet de Voyage n°23 - Hiver 2023 association française des journalistes et écrivains de tourisme
constitués de boucles de ceintures ou de chaussures, de boutons de veste ou de manchettes entièrement serties de diamants. Chaque parure est déclinée en version diamants, saphirs, émeraudes ou rubis exceptionnels.
Cette profusion de richesse provient des voyages qu’Auguste le Fort réalisa dans sa jeunesse. Il fit un grand tour des cours européennes et fût particulièrement impressionné par la collection de Louis XIV qui allait lui servir de modèle. Pour ses fêtes qu’il organise à sa cour, il se pare d’un masque de soleil en or ou avec des aigrettes de cornaline et de diamants sur un turban. Les pommeaux de ses épées sont entièrement sertis de pierres précieuses et il commande au plus grand orfèvre, Johann Melchior Dinglinger (1664-1731) différents insignes de l’ordre de la Toison d’or.
C’est à l’étage dans la Nouvelle Voûte Verte que vous pourrez découvrir la plus grande collection d’orfèvrerie d’Europe, composée de coupes en cristal, de figurines uniques ornées de perles baroques, de maquettes en ivoire ou de centres de tables imaginaires.
D’ailleurs en janvier dernier, le musée du Luxembourg à Paris avait présenté une centaine de pièces de la collection de Dresde sous le thème « Miroir du monde » tant cette collection reflétait les échanges culturels de l’époque influencés par des thèmes asiatiques, d’Afrique ou du Moyen- Orient. Les objets sont parés de cornes de rhinocéros, de noix de coco gravées, de coquilles de nautile, de défenses de narval créant un véritable imaginaire. Le grand maître de l’orfèvrerie est sans conteste Johann Melchior Dinglinger
terres d’ailleurs
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