Page 85 - Ihedate - l'annuel 2016 (N°2)
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L’aménagement du territoire peut-il être démocratique ?
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Exploration de pratiques démocratiques de l’aménagement
Olivier Delahaye
Journaliste depuis 17 ans, Olivier Delahaye évoluait précédemment dans l’univers du théâtre et du cinéma. Après avoir créé un magazine de cinéma en 1999, il intègre France Soir et s’ouvre aux problématiques concernant la ville. Passionné par le Grand Paris, il crée le magazine Grand Paris Développement, puis fonde le site gpmetropole.fr.
L’aménagement du territoire peut-il être démocratique? La question ne vaut pas forcément réponse. Même si on y met le pluriel. Du genre : oui et dans ce cas, comment ? Ou non, et alors pourquoi ? Elle ne vaut pas réponse, mais sous différentes formes, elle n’a cessé d’être posée au fil de nos sessions. Cette année de formation à l’IHEDATE se révélant comme une exploration, nous avons obtenu, sans pouvoir ici en dresser une synthèse exhaustive, quelques éléments de réponse au travers d’initiatives et de bonnes pratiques...
La concertation citoyenne n’est pas un fait résolument neuf. La France l’éprouve depuis 20 ans à travers l’instauration de débats publics pour les grands projets d’aména- gement. Un système particulière- ment élaboré sans équivalent en Europe. D’autres formes existent ailleurs, spontanées ou encadrées. Prenons le cas de Bijlmermeer, un quartier d’Amsterdam construit à la fin des années 1960. Sa dégradation progressive jusqu’à la fin des années 1990 a poussé les autorités publiques à lancer un plan de rénovation. Dans un pays où la recherche du consen- sus est un véritable mot d’ordre, demande a été faite aux habitants de produire des suggestions sur sa réhabilitation. Plus de 300 ont été comptabilisées, sur les infrastructures, les logements, les espaces publics, et un tiers d’entre elles ont été honorées. Interrogés, les habitants de Biljmermeer pensent en majori- té (60 %) avoir été influents sur les décisions prises. Pour autant, ils ne savent pas réellement quel a été leur apport.
C’est sans doute là un point essen- tiel de la participation citoyenne pour éviter la frustration et le désengagement : connaître les effets de son implication. Les
CITIZENCONNECT, L’APPLICATION MISE EN PLACE PAR LA VILLE
DE BOSTON
solutions numériques peuvent en fournir le moyen comme le prouve la mise en place à Boston de l’application Citizenconnect. Le principe ? Les gens y signalent tous les problèmes qu’ils peuvent rencontrer dans les espaces publics : trous dans la chaussée, éclairage défaillant... L’appli permet de suivre le statut de sa requête jusqu’à sa résolution. Les services municipaux ont ainsi pu remarquer une réappropriation de la voirie par les habitants.