Page 87 - IHEDATE l'annuel 2015
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Des entreprises et des territoires I87
Le quartier de la Reynerie
Des dalles créant une continuité au pied des bâtiments et des coursives pensées au cœur même des immeubles pour que les habitants se rencontrent et échangent à l’abri des voitures, tel était le projet urbaniste des années 60 imaginé par l’architecte Georges Candilis et inspiré des thèses de Le Corbusier. Le Mirail devait devenir le nouveau cœur de Toulouse et le symbole d’un mode de vie urbain plus égalitaire au sein d’une ville nouvelle. Mais au fil du temps, le symbole a tourné au désenchantement. Et le départ des classes moyennes dans les années 90 a signé la fin de l’utopie de la mixité sociale.
Le quartier de la Reynerie est devenu emblé- matique de cette désillusion. Classé en zone prioritaire dans les années 80, il est encore aujourd’hui inscrit dans la politique de la ville. Théâtre d’importantes émeutes en 1998 à la suite de la mort d’un jeune du quartier tué par des policiers, la Reynerie abrite pourtant quelques habitants en copropriété qui ont fait le pari d’acheter un appartement bon marché mais de bonne qualité, environné de nombreux espaces verts et d’un magnifique lac. Marie-Christine Jaillet, directrice de recherche au CNRS, y vit depuis plus de quinze ans. Elle aime à vanter la facilité de contact entre habitants. Elle n’hésite d’ailleurs pas à lancer : «Le prochain quartier à être gentrifié, il est peut-être ici. Qui sait ? »
DANS LES ÉCOLES DE LA REYNERIE,
DES BARREAUX ONT ÉTÉ INSTALLÉS
AUX FENÊTRES APRÈS PLUSIEURS ACTES DE VANDALISME.
© Sophie Knapp © Sophie Knapp
© Sophie Knapp