Page 4 - CATALOGUE SERGE ANEZIN
P. 4
ASerge Anezin I Préface
u delà de l’oeuvre d’un artiste, chacun de nous, en visitant une galerie, une
Il rencontre Cocteau, se rend à Cagnes-sur-Mer pour Renoir. Dès qu'une expo se profile à Nice, Paris, Amsterdam, il s'y dépêche. Il construit une maison à Gémenos dans un cadre verdoyant, au pied de la Sainte Baume, avec vue sur le Garlaban, suivant ses propres plans, si bien que «sa baraque» est unique, sans uniformité. Sa «baraque», c'est un peu la «roulotte» d' Yves Montand.
exposition est curieux d’en savoir plus sur la personne, sa technique, ses influences et ses motivations. Il en est de même pour l'auteur d'une musique ou d'un livre ; c'est probablement pour cela qu'il existe autant de biographies. Le peintre nous livre dans son tableau ce qu'il ressent, ce qu'il voit, ce qu'il voudrait être aussi : c’est en quelque sorte son autobiographie. Dans les arts, il y a le réel et une grande part de rêve. Qu'éprouve l'artiste lorsqu'il crée, lorsqu’il imagine, lorsqu'il compose, lorsqu'il dessine ?
A ses côtés, il y à Marthe avec sa présence, sa veille, son Amour empreint d' admiration. Il est vrai que pour vivre aux côtés d'un artiste, il faut s'oublier un peu pour lui donner priorité dans sa soif de voir, d'observer et enfin de peindre.
Serge ne peint pas dans un atelier comme l'on pourrait le supposer, ni de manière classique sur un chevalet mais debout, penché sur sa toile posée à plat sur une grande table rectangulaire et toujours humble au dessus de sa toile.
Serge Anezin a eu la chance de naître à Martigues « la Venise Provençale » : les collines, le ciel, les odeurs de la garrigue, tout cela emplissait son enfance. Il a poursuivi sa vie à Beaulieu-sur-Mer toujours dans son élément provençal si apaisant. Pour lui tout devient tableau : la bouillabaisse, les oursins, les bateaux, les collines...
Serge est un épicurien, tous les sens toujours en éveil. Il aime à se retrouver avec des amis et concocter avec Marthe des mets savoureux et colorés qui régaleront ses convives ; cette cuisine provençale dont on retrouve évidemment les ingrédients dans ses toiles : les poissons, les fruits, les légumes, l’aîoli... bien loin d’être des natures mortes. «Une forme m'intéresse seulement quand elle vit ou alors quand j'ai réussi à la faire vivre. Je m'efforce toujours de reculer mes limites et de ne jamais m'enfermer » écrivait Jean Atlan.
Enfant pendant la dernière guerre, il fait partie de cette génération qui s’est construite toute seule et qui par sa curiosité, son ouverture d'esprit ne demandait qu’à s’éveiller et à s’épanouir. Pour Serge, la rencontre d’un professeur de dessin fut l’élément déclencheur de sa vocation pour la peinture. Ses amis d’enfance (Martial Raysse, Jean Brandy), artistes en herbe, célèbres ultérieurement, l’encouragent à poursuivre en lui donnant sa première toile blanche, des tubes de peinture à l'huile et quelques pinceaux. Par la suite, la découverte de Cocteau, Matisse, Bonnard... le conforte dans sa passion.
En constante recherche, il est animé par une flamme qui ne s'éteint pas même quand la vue commence à le malmener. Des forces le poussent à toujours mettre sur grands formats toutes ces couleurs qui l'habitent. Elles lui sont propres, elles lui appartiennent ; il lui arrive même de s'en servir pour se vêtir. Il arbore des couleurs bleu, vert, orange, bordeaux, rouille dans sa tenue vestimentaire souvent originale, toujours de bon goût.
A Paris, dans sa jeunesse il approche le cinéma et les décors, les ambiances feutrées voire mystérieuses des salles de projection lui conviennent. Bergman, Hitchcock, Godard, la « Nouvelle Vague » lui révèlent son côté cinéphile.
Il apprécie les humains dans leur bonté, leur générosité, leur sincérité et leurs secrets. C'est pour cela qu'il se réfugie dans le jazz et dans les caves du Quartier Latin comme la Huchette. Il écoute et observe pendant des heures ces fous de jazz qui peuvent jouer inlassablement tant ils ont à donner dans ces atmosphères intimes : Maxime Saury - Claude Luther - Django Reinhardt (Nuage) - Stéphane Grapelli. La littérature ne le laisse pas non plus insensible ; il a un goût affirmé pour des auteurs tels que Boris Vian, Prévert, Sartre, René Char (ami de Nicolas de Staël), Camus.....sans oublier Pagnol pour la Provence. « Sa si chère Provence ».
Esthète donc mais aussi très sportif passionné par le football, le ski, le vélo, la randonnée, amateur de voyages qui lui permettent de découvrir la nature et des lieux magiques, autant de sources d’inspiration pour ses futures toiles.
Serge s’est toujours placé en spectateur, en observateur de vie, de situations, de moments, de lieux et, même entouré d'amis, il reçoit chacun avec un oeil aiguisé mais toujours bienveillant. Il a une écoute très réelle et il sait reconnaître en chacun ses forces comme ses faiblesses.
Serge Anezin est très sensible au vécu de chacun, des amis, des poètes, des écrivains, des journalistes. Son univers ne se limite pas à son environnement immédiat ; il a les yeux ouverts sur le monde et porte une analyse critique sur de nombreux sujets sociétaux. Il aime découvrir les méandres, les forces, les faiblesses de chacun et sait en retenir l'essentiel. Il garde toujours en lui une certaine réserve et ne se livre aux autres qu'avec une vraie écoute et selon son ressenti.
Les mots que Serge affectionne : sincérité, curiosité, enthousiasme, vérité.
L’ oeuvre de Serge Anezin est le reflet de sa personnalité : généreuse, chaleureuse et haute en couleur. Une véritable invitation au partage de tout ce qu’il aime et de ses émotions.
4