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UNIVERSALISME, HUMANISME ET ÉCOLOGIE
1.1.
LA RÉFLEXION MAÇONNIQUE SUR LA CRISE ÉCOLOGIQUE
SANTÉ
L’Afrique gagne 4 jours/semaine en espérance de vie qui est passée de 64 ans en 1990 à 70 ans en 2012, le double des années 1900. Les gens ont moins faim. La malnutrition a diminué de 30% de- puis 1990 et l’accès à l’eau potable a bénéficié à 2 milliards de personnes de 1990 à 2012. La mortalité infantile a baissé de 44% pendant la même période. La variole a été éradiquée, la poliomyélite a prati- quement disparue et le taux mondial de vaccination de la rougeole est passé de 16% en 1980 à 85% au- jourd’hui, tandis que le nombre de morts de cette maladie a chuté de plus de 75% entre 2000 et 2014. La tuberculose a diminué de 50% depuis 1990. La malaria a été réduite avec un nombre de mort en diminution de 25% ainsi que le sida.
Dans le même temps, nous devenons de plus en plus « intelligents ». En 1962, 41% des enfants n’étaient pas scolarisés ; nous sommes à moins de 10% aujourd’hui. Le QI augmente de 3 à 5 points tous les 10 ans, ce qui pourrait expliquer que la fin du siècle dernier a été la plus pacifique de l’histoire mondiale. Les victimes de guerre ainsi que les meurtres sont en diminution.
Que reste-t-il à améliorer ?
En 1989, Francis Fukuyama2 écrivait que « la vie se réduit à des calculs économiques, la résolution sans fin de problèmes techniques, de préoccupa- tions environnementales et la satisfaction des exi- gences des consommateurs avertis. Nous vivons à une ère de richesses et de surabondance, mais elle parait morne. » Nos sociétés ont fait le choix du li- béralisme en transférant au privé des secteurs en- tiers de notre économie. Et ce n’est pas terminé, car tous nos barrages gérés par EDF sont dans le pro- jet. Notre pays se retrouve dépendant des labora- toires privés pour les dépistages. Nous dépendons à 80% de la Chine. Alors que les bourses s’effon- draient à la mi-mars, l’action du laboratoire Gilead grimpait de 20% après l’annonce des essais cli- niques du remdesivir contre le Covid-19. Celle d’Inovio Pharmaceuticals gonflait de 200% à la suite de l’annonce d’un vaccin. Celle d’Alpha Pro Tech fa- bricant de masques bondissait de 232% et celle de Co-Diagnostics flambait de 1370% grâce à son kit de diagnostic moléculaire du coronavirus. Com- ment expliquer qu’au cœur de la tourmente, il soit
toujours possible de s’enrichir alors qu’il manque des masques et que les tests de dépistage sont inaccessibles au plus grand nombre?
Le dépistage est devenu un privilège de classe. 85% des médicaments produits dans le monde sont consommés dans des pays qui représentent 17% de la population mondiale, et il y a plus de recherche pour la dépression et l’obésité que pour les mala- dies infectieuses, qui sont l’une des premières causes de mortalité dans le monde.
Oscar Wilde écrit que « le progrès c’est la réalisa- tion des utopies. » Mais notre horizon est vide ; notre pays d’abondance est dans le brouillard et maintenant en confinement à cause d’un satané virus appelé Covid-19 qui a stoppé notre croissance. Dans nos pays aisés, la plupart des gens croient que la vie de leurs enfants sera plus difficile que la leur ; la véritable crise, c’est que nous n’avons plus rien à proposer de mieux : « l’homme est malheureux, car il ne sait pas qu’il est heureux !3 » Il faut donc débloquer la situation en créant une nouvelle Uto- pie.
HISTOIRE DES UTOPIES
Des auteurs ont écrit à différentes périodes des utopies ; exemple : Tommaso Campanella qui a écrit la Cité du Soleil en 1602 où il décrit une utopie pla- nifiée, c’est plutôt une dystopie car on y retrouve les échos glaçants du fascisme, stalinisme et nazisme. Les utopies ouvrent les portes de l’esprit et en cela elles sont vitales. En vieillissant les peuples, les so- ciétés s’habituent, mais la liberté peut devenir une prison et la vérité un mensonge. La croyance que l’on ne peut plus croire en rien nous rend aveugles à l’injustice qui nous entoure. Thomas More (1516) décrit dans Utopia une aristocratie cupide qui exige toujours plus de luxe, tandis que les pauvres vivent dans une extrême pauvreté. On retrouve la même société de pauvreté et riches, décrite dans Résur- rection de Tolstoï, et cela continue aujourd’hui et se perpétue.
Question : pourquoi incitons-nous les hommes à travailler de plus en plus dur depuis les années 1980, alors que nous sommes de plus en plus riches?
Pourquoi des millions de gens vivent-ils encore dans la pauvreté alors que nos richesses permet- traient de mettre un terme à la pauvreté ? A cette question, les utopies n’apportent pas de réponses toutes faites, encore moins de solutions, mais elles posent les bonnes questions. Nous sommes ani- més par une force appelée « libéralisme » idéologie qui incite à se gaver, à s’enivrer, à emprunter, à acheter, à stresser, à tricher, à mentir, à parader, etc.
Commission Nationale de Réflexion sur le Développement Durable (CNRDD) Mars 2021 - P15
1.1.2. QUAND LE VIRUS VA À LA RENCONTRE DE LA PUCE