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Nombreux sont les intellectuels, anthropologues, philosophes, scientifiques à réfléchir à l’avenir de l’Humanité ; doit-on refonder nos idéologies, et re- considérer ce qu’il est des capacités de l’espèce pour instaurer une nouvelle constellation de va- leurs. La biologie établirait que les fondements de la vie sont « les interrelations, la diversité, la coopé- ration, l’homéostasie et la symbiose » selon le phi- losophe Glenn Albrecht5 , et, des bactéries aux plantes, c’est l’ensemble du vivant qui rendrait pos- sible la vie humaine. Cette interdépendance, invite selon Donna Haraway6, à « réparer et inventer des alliances, en une sorte d’engagement envers les autres créatures et organismes pour renforcer mu- tuellement les possibilités d’avenir des uns et des autres. »
Mais comment l’homme « prométhéen », imbu de sa personne, de son ego, fier de sa singularité dans le règne du vivant, pourrait-il se transformer aussi radicalement ? Car ne dit-on pas que « l’homme est un loup pour l’homme » ? Et pourtant, n’a-t-on pas oublié les idées défendues au XIXème siècle, l’inter- dépendance et la solidarité avec Saint Simon (1760- 1825), inspirateur du courant réformateur qui porte son nom, ainsi que Léon Bourgeois qui pose les principes de la protection sociale et appelle à la création d’une organisation des retraites ouvrières. Et Pierre Kropotkine7 (1842-1921) militant et théo- ricien anarchiste, penseur important de l’autoges- tion. Il considère que « l’entraide est la règle géné- rale et le fait dominant de la nature avec un instinct de sympathie mutuelle qui est à l’origine des senti- ments de bienveillance et d’identification partielle de soi-même avec son groupe. »
Que va-t-il se passer à la sortie de cette période de confinement ? Nous sommes dans les mains d’une caste de politiques, économistes, industriels, fonds d’investissement qui utilisent leur pouvoir à des fins personnels. Nos politiques ont-ils encore la fibre citoyenne ? Certains défendent nos valeurs et se battent contre le pouvoir de l’Argent. Les premiers économistes pensaient qu’un pays ne peut prospé- rer qu’aux dépens d’un ou plusieurs autres et plus les salaires sont bas, plus on est compétitif et plus
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UNIVERSALISME, HUMANISME ET ÉCOLOGIE
1.1.
LA RÉFLEXION MAÇONNIQUE SUR LA CRISE ÉCOLOGIQUE
on exporte. Bernard de Mandeville8 (1670 – 1733) disait qu’il est « manifeste que dans une nation libre où il est difficile d’avoir des esclaves, la richesse la plus sûre consiste dans une multitude de pauvres laborieux. » A-t-on changé ces points de vue ?
Pouvons-nous défendre une écologie intégrale, en créant une alliance de l’Humanité avec l’Environne- ment ; conversion très difficile car nous sommes devenus des consuméristes ; mais nous devons re- découvrir et nous relier avec la Nature, redécouvrir son Harmonie et sa complexité et reconnaître qu’elle nous a précédés avec humilité et sobriété. L’écologie intégrale signifie que personne ne doit être mis de côté ; la mondialisation doit devenir pla- nétisation en reliant l’environnement, l’économie, le social et le culturel qui doit favoriser la qualité de la vie humaine. Ce travail spirituel doit abolir les fron- tières politiques et nous invite au dialogue.
« Deux choses me semblent infinies : l’Univers et la bêtise humaine ; mais pour l’Univers, je n’en suis pas certain ! ». Albert Einstein
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1 Pour tous ces chiffres, se référer aux statistiques de l’O.M.S.
2Francis Fukuyama, né le 27 octobre 1952, à Chicago, est un chercheur en sciences politiques américain.
Intellectuel influent, très connu pour ses thèses sur la fin de l’histoire, Francis Fukuyama est actuellement professeur d’économie politique internationale à la SAIS de l’université Johns-Hopkins à Washington.
Il est notamment un des membres du conseil des International Forum for Democratic Studies du National Endowment for Democracy et a été un des membres du département de science politique de la RAND Corporation 2. 3Julia Kristeva Philosophe .
4 Article 25
(1) Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé,
son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habil-
lement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux
nécessaires; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invali-
dité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de
subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.
(2) La maternité et l’enfance ont droit à une aide et à une assistance spéciale.
Tous les enfants, qu’ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent
de la même protection sociale.
Les émotions de la terre de cet auteur. 6 Réparer la terre à l’ère du chtlulucène.
7 L’Ethique stock 1979.
La fable des abeilles 1773
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Commission Nationale de Réflexion sur le Développement Durable (CNRDD) Mars 2021 - P18
1.1.2. QUAND LE VIRUS VA À LA RENCONTRE DE LA PUCE