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DES CHOIX ÉNERGÉTIQUES À L’HUMANISME ÉCOLOGIQUE, RÉÉCRIVONS NOS RÉCITS FONDATEURS
2.1. Ne faudrait-il pas dans ces conditions, fixer un prix
« ÉNERGIES »
C‘est bien un nationalisme à courte vue auquel on assiste, qui nous interdit de répondre aux risques globaux. Ainsi, l’écart se creuse entre les engage- ments pris et les actions engagées. La trajectoire actuelle conduit en effet à une hausse d’au moins 3 à 4° à la fin du siècle, alors que l’accord prévoyait 2°, voire moins.
On peut donc s’interroger sur l’instauration d’une taxe carbone européenne qui devait préserver la compétitivité des entreprises sur le plan fiscal par la baisse des impôts et des charges sur le travail et dont l’objectif social serait d’assurer la redistribu- tion des recettes aux personnes les plus défavori- sées ainsi qu’aux classes moyennes ! Cette redistri- bution pourrait être également affectée à la réduction des inégalités, ainsi qu’à la réhabilitation des logements et à l’accès à la mobilité.
L’énergie fossile peu chère a été à la base de notre prospérité depuis deux siècles ; mais la lutte contre le réchauffement climatique nous oblige à renoncer à ce « bien-être ». Il faut donc déve-lopper les éner- gies renouvelables, qui sont cependant plus coû- teuses et difficiles à utiliser en raison notamment de leur intermittence. Le coût reste également un obstacle puisqu’un kilowat-theure d’électricité de charbon coûte 9 centimes, contre 14 centimes pour l’éolien et 30 centimes pour le photovoltaïque.
La transition énergétique sera coûteuse pour les plus faibles et en particulier pour les habitants de la périphérie des villes. On doit aussi mentionner que l’État subventionne depuis 2010 les installa-tions photovoltaïques sur les toitures des particuliers, avec un tarif de rachat garanti de 60 centi-mes le kWh ; or ce surcoût - comparé aux 6 centimes du kWh nucléaire – s’élève donc à 1 300 € la tonne évi- tée, mais payée par le consommateur. Le charbon ne coûte lui que 30 € ! En dépit des micro- politiques de l’État -qui sans doute pourraient varier dans le cadre du plan de relance– le coût de la tonne de CO2 s’élève à 50 €, ce qui correspond à l’estimation du dommage climatique.
du carbone à 50 € la tonne de CO2 ? C’est grâce au mécanisme du prix du carbone que pourront s’orga- niser les processus de décisions au plan écono- mique. Sans doute faudra-t-il pour parvenir à la neutralité carbone, porter ce prix à 240 € la tonne, voire à 400 € en 2050. Bien entendu pour obtenir un impact environnemental, il faudrait s’entendre au sein de l’Union européenne sur une taxe carbone aux frontières et sur un abatte-ment au bénéfice des exportateurs. Cet ensemble devrait être garanti par une banque centrale du carbone indépendante ; ce qui permettrait de crédibiliser le système.
Enfin pour se réaliser concrètement et réduire le fossé entre les objectifs et la réalité, cette politi-que ne peut se passer de l’appui des villes, c’est-à-dire des métropoles, qui abriteront 70% de la population mondiale en 2050, soit 6,5 milliards d’habitants ; alors qu’ils n’étaient que 700 millions en 1950 .C‘est donc dans les villes –ou les aires urbaines – que se décideront demain le succès ou l’échec du combat contre la pollution, en un mot la réussite de la tran- sition énergétique.
L’urbanisation est en fait l’un des moteurs les plus déterminants de la transformation du monde ! N’oublions pas en effet que les territoires urbains comptent pour plus des deux tiers dans la consom- mation mondiale d’énergie et rejettent plus de 70% de la consommation de gaz carboni-que. Au total les objectifs mondiaux, ou européens, dépendent pour leur mise en œuvre de ces territoires ; c’est vrai aussi pour les innovations techniques, pour de nouveaux matériaux en particulier nécessaires au succès des politiques de rénovation thermique des bâtiments ou pour le développement de véhicules électriques. Les villes ont un rôle irremplaçable de médiateur entre les acteurs concernés au plan na- tional, international et régional, comme bien enten- du auprès des citoyens eux-mêmes. Le développe- ment des villes constituera à n’en pas douter, un enjeu d’importance centrale pour les générations futures sur leur mode de vie.
Au total le XXIème siècle sera celui des métropoles les plus denses démographiquement, mais aussi les plus innovantes et les plus durables. C’est vers une nouvelle gouvernance que les villes devront alors s’orienter en s’ouvrant de plus en plus aux ci- toyens, en testant une nouvelle démo-cratie ! •••••••
 Commission Nationale de Réflexion sur le Développement Durable (CNRDD) Mars 2021 - P50
2.1.2.TRANSITION ÉNERGÉTIQUE : LA TAXE CARBONE - LES VILLES DU FUTUR





















































































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