Page 3 - Voyages&groupe n°24
P. 3

”Notre-Dame-de-Bruxelles
Dans quelques jours, les Européens se rendront aux urnes pour élire leurs représentants au Parlement. Ecologie, dette, immigration, budget, politique agricole... les sujets ne manquent pas. Pourtant moteur de développement, le tourisme est curieusement peu ou prou abordé par les candidats de tous bords. Cependant, l’Europe - qui de toutes les régions du monde est celle attirant le plus de touristes - ne manque pas d’abonder certains projets à destination du secteur. Pour preuve, pas moins de 2,4 millions d’euros de fonds européens ont été débloqués en 2016 pour favoriser l’accueil des touristes au Pic du Midi afin de rénover ses installations vieillissantes. Une passerelle de
12 mètres, un nouveau planétarium, des visites en réalité augmentée, un restaurant pa- noramique, le projet nécessitait pas moins de 7,2 millions d’euros. « Sans les fonds eu- ropéens, nous aurions réalisé les travaux en cinq ans au lieu de deux, cet apport a été déterminant », confiait au Parisien, dans son édition du 8 mai dernier, Daniel Soucaze des Soucaze, le directeur du Pic du Midi. Bingo ! En août 2018, la fréquentation a bondi de près de 80%. Et +21% de chiffre d’affaires sur l’année.
Paradoxalement, la remise en état de Notre-Dame-de-Paris, après le terrible incendie du
15 avril dernier, ne devrait pas faire l’objet d’un appel à Bruxelles. La pluie de dons,
attendus et annoncés, suffira largement à alimenter les chantiers pour rénover le
monument phare de la capitale. Etonnant non ? Surtout quand on observe en parallèle
les déboires de Stéphane Bern, chargé de mission de l’Elysée pour le patrimoine,
contraint d’en passer par un loto afin de sauver « les petits » monuments et bâtiments
en péril. En effet, sur les 2000 cas graves signalés, 251 ont été jugés prioritaires pour
cette année par les experts du ministère de la Culture et de la Fondation du patrimoine.
A l’évidence, le prieuré de Veyrines (XIe siècle), en Ardèche, avec 53 000 euros de subventions européennes, mobilise moins le mécénat que Notre-Dame-de-Paris ou que le Pic du Midi. Pourtant, c’est bien la pluralité de l’offre qui fait l’addition en termes d’attractivité. Et l’utilisation des fonds européens mériterait de flécher certaines ressources à destination de notre patrimoine commun. Pour que les touristes internationaux se déplacent de Paris aux territoires, encore faut-il qu’il y ait des sites à visiter. Pêle-mêlant transports, hôtellerie, restauration et prestations annexes. Générant un chiffre d’affaires indispensable à des secteurs touristiques en déshérence. Permettant ainsi des investissements à terme sans recours à l’Europe ou à l’Etat. Sorte d’autonomie revendiquée par nombre d’acteurs locaux. Lesquels sont les mieux à même de mesurer les besoins et les attentes sur le terrain.
Une Europe qui peut donc se révéler un vecteur de liberté de gestion par le biais d’un premier levier afin d’assurer la pérennité d’un site et de lui garantir une autosuffisance qui offre, à terme, l’indépendance financière sans recours à de tierces subventions. Nul doute que le Pic du Midi, de par l’augmentation de sa fréquentation, sera à même de thésauriser dans l’objectif d’entretenir et de développer ses aménagements. Autant de budgets et d’euros que Bruxelles pourra réaffecter sur d’autres postes.
CATHERINE MAUTALENT / Rédactrice en chef
V“OYAGES & GROUPE 24 - MAI 2019 - 3
Editorial
 


















































































   1   2   3   4   5