Page 12 - MOBILITES MAGAZINE N°4
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Actualités / MAI
CARS MACRON
Les Autocars Faure
roule pour Ouibus
de millions d'euros cumulés. Or, Roland de Barbentane confirmait encore récemment son objectif d'arriver à l'équi- libre en 2019. Ce sont les moyens pris pour y parvenir qui sont aujourd'hui contestés par les salariés et leurs repré- sentants syndicaux de l'an- tenne lyonnaise de Ouibus. « Avec cette évolution vers ce principe de franchise, il est question de transférer le per- sonnel vers les sociétés ex- ploitantes », considère Rémy Haddad, délégué syndical CGT de Ouibus, à Lille. D'après le comité d'entreprise, ce trans- fert lyonnais pourrait avoir lieu le 5 juin prochain. « Avec, à la clé, une dégradation des sta- tuts et des baisses de salaires conséquentes, de plusieurs centaines d'euros par mois », selon le syndicaliste. Vingt deux des 24 conducteurs lyon- nais ont participé au mouve- ment de rétention de deux autocars en gare de Lyon- Perrache. Des mouvements similaires pourraient être or- ganisés à Lille et Paris pro- chainement. Toujours selon des sources syndicales, au ni- veau national, Ouibus exploi- terait 20% de son activité en propre, 50% en sous-traitance et 30% en franchise. Au-delà de ce conflit naissant se pose aussi la question de la libre concurrence. Si Flixbus ne doit son salut qu'à ses seuls ac- tionnaires allemands, Isilines et Ouibus sont des sociétés possédées, tout ou partie, par des capitaux publics. Dès lors, on ne peut que s’interroger sur les distorsions de concur- rence pouvant fort bien être opposées par Flixbus, le seul opérateur privé roulant sur les routes françaises.z
JEAN-FRANÇOIS BÉLANGER
Déjà partenaire, depuis septembre 2015, de Ouibus, pour des lignes interrégionales (dites « lignes Macron »), Autocars Faure récidive en signant avec
la filiale de la SNCF, un contrat
de franchise supplémentaire sans précédent, portant sur la desserte de 18 villes d'Auvergne- Rhône-Alpes, à partir de l'aéroport Saint-Exupéry.
N Raymond Faure, Président des Autocars Faure.
Signé le 2 mars dernier, le contrat inclut aussi des connexions jusqu'à Brive, Pé- rigueux et Bordeaux. Les sièges sont en vente depuis la mi-mars, l’activité a débuté le 31 du même mois, à des tarifs compris entre 15 et 30 euros, en fonction de la date de commande. Une initiative qui ravit la Société des Aéro- ports de Lyon récemment pri- vatisée, puisqu’elle améliore sensiblement la connectivité de la plateforme aéroportuaire lyonnaise. « Le trafic a aug- menté de 9,8 % en 2016, mais le nombre de passagers arri- vant en transport en commun n'a progressé que de 2,4 % », constate Philippe Bernand, Président du directoire d'Aé- roports de Lyon.
C’est aussi une nouvelle in- novation pour l’autocariste de Valencin (38). Cette société familiale avait déjà innové, dès 1980, en proposant une première desserte routière vers Saint-Exupéry depuis Gre- noble : « partis de rien, nous transportons aujourd'hui plus de 370 000 passagers par an sur cette ligne », se félicite son dirigeant Raymond Faure. Mais l'enjeu est aujourd’hui
d’une toute autre envergure : de huit à dix véhicules, le parc dédié à ces nouvelles des- sertes passera à plus de 20, notamment avec des modèles Irizar I6, tous labellisés Euro 6.
Ouibus veut devenir le leader français de la desserte aéroportuaire La nouvelle offre routière au départ de Lyon-Saint-Exupéry représente près de 350 rela- tions hebdomadaires.
Le conseil régional Auvergne- Rhône-Alpes a conforté, au- près de l'Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer), son accord pour les relations inférieures à 100 km, conformément à la réglementation.
Cette desserte en toile d'arai- gnée inclut également, pour une infime partie, un accord passé avec les Courriers Rho- daniens et Autocars Berthelet. Pour Roland de Barbentane, Directeur général de Ouibus, « Lyon inaugure ce que nous souhaitons faire, c’est-à-dire devenir le leader de la desserte aéroportuaire en France ». Avec, également pour objectif, celui convenu avec l’action- naire, « d'atteindre de l'équilibre
financier pour Ouibus, en 2019 »,
confirme-t-il.
Les salariés Ouibus contestent le modèle
de la SNCF
Mais, à peine signé, cet accord de franchise n’est pas au goût des salariés de Ouibus qui contestent, selon eux, les éco- nomies réalisées par la maison mère, la SNCF, à leur détriment. Une première manifestation aeulieule21mars,àlagare de Lyon-Perrache et d'autres pourraient suivre. Certes, avec plus de six millions de passa- gers transportés en 2016, les cars Macron ont incontesta- blement rencontré une clien- tèle. Mais cette fréquentation record est loin d'être une réus- site au niveau économique. Après le naufrage de Megabus, qui avait signé en Auvergne- Rhône-Alpes, un accord avec Autocars Maisonneuve, les autres opérateurs intervenants sur les routes françaises, Flix- bus (filiale d'un groupe alle- mand) et Isilines (groupe Transdev) ont tous enregistrés des pertes. Et Ouibus est sans doute la compagnie qui s'est le plus enfoncée dans le rouge. On parle de plusieurs dizaines
12 - MOBILITÉS MAGAZINE 04 - MAI 2017