Page 3 - Voyages&Groupe n°13
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                ”Bienvenue chez nous ?
La France bénéficie d’une image très positive à l’international », nous confie Christian Mantei, directeur général d’Atout France, dont vous retrouverez l’interview dans ce numéro de Voyages & groupe. L’image d’une « France désormais apaisée » après les attentats de novembre 2015 et janvier 2016, qui ont fortement impacté le tourisme*. La tendance s’est inversée en 2017, puisque le secteur a profité d’une conjoncture favorable pour s’achever sur une performance estimée à près de 89 millions de visiteurs étrangers. La meilleure depuis dix ans.
Dans ce contexte, l’ambition des 100 millions de touristes est-elle envisageable? En traçant sa feuille de route, le gouvernement s’est fixé des objectifs sur deux ans, mais savait-il alors que « sa locomotive hôtelière est grippée depuis une dizaine d’années » et qu’elle « n’assurera bientôt plus les moyens de ses ambitions », selon le cabinet MKG Group. L’an passé, pas moins de 819 établissements ont fermé leurs portes. Les chaînes comme les indépendants. En zone rurale comme en périphérie. Et la France, dont la capitale est la ville la plus visitée du monde (là où il y a aussi pénurie de 10 000 lits), risque de ne pas pouvoir accueillir tout le monde.
Cette faiblesse française mise à jour par MKG Group en termes d’accueil, nous
conduit à rappeler un autre écueil : le réceptif français. Toujours en souffrance
d’un déficit d’organisation, de structuration... et de visibilité ! Le site France.fr,
lancéparAtoutFrancefin2017, faitl’impassesurcesprofessionnels.Uneoccasionmanquée?Undéficitquifreineledé- veloppement de l’offre, avec des réceptifs dont la majorité opère sur un territoire précis. Et qui, de l’avis général, sont trop petits, trop artisanaux, positionnés essentiellement en régions, et qui n’ont pas forcément les moyens d’être présents dans les salons internationaux. Ce n’est pas nouveau, mais c’est un vrai handicap : la France est l’un des seuls pays qui n’a pas de réceptif national. Il est vrai, cependant, que depuis ce constat, la désintermédiation a bouleversé la relation entre marché émetteur et professionnels de l’accueil sur-mesure, faisant dire à certains que la question est aujourd’hui dépassée. L’ampleur prise par la vente directe a bousculé la donne.
De fait, aujourd’hui, le choix de promouvoir la France ne passe plus par ses acteurs touristiques, qu’ils soient publics et privés, mais par ses territoires. D’où la mise en place, par exemple, des contrats de destination, lesquels ont vocation à fédérer les opérateurs du secteur autour de marques territoriales françaises « qui parlent » à l’international. Abandonnant le concept et le carcan de l’Hexagone vu non pas comme une destination à part entière, mais comme de multiples destinations, en mesure de « tracter » les autres. Avec au centre une offre conçue par l’ensemble des acteurs qui, dès lors, ne jouent plus individuel mais collectif.
Editorial
 CATHERINE MAUTALENT / Rédactrice en chef “ (*) Cette interview a été réalisée avant les événements de Trèbes.
VOYAGES & GROUPE 13 - AVRIL 2018 - 3
























































































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