Page 3 - MOBILITES-MAGAZINE-N°25

Editorial
Une époque formidable !
Face à la « nécessaire » transition énergétique, la société française apparaît de plus en plus comme emprunte de schizophrénie. Après des années de matraquage médiatique sur les bienfaits de la fée électrique et les méfaits du moteur thermique - le mal absolu restant bien entendu le Diesel - voilà qu’une petite musique nouvelle
commence à se faire entendre. Il aura peut-être suffi qu’un certain Carlos Tavares, PDG de PSA, rappelle quelques fondamentaux de l’équation écologique du moment pour que les consciences s’ouvrent enfin au sens critique. Et voilà qu’une partie de la presse, celle qui reste la moins séduite par le charme tout relatif des nattes d’une souriante petite suédoise instrumentalisée par la greenosphère, commence à s’interroger sur la « vérité » qui nous est servie depuis longtemps. Elle semble même redécouvrir l’eau chaude. Oui, le moteur Diesel moderne est bien moins émetteur de CO2 que le moteur à essence. Oui, le bilan écologique du véhicule électrique est très loin d’être positif. Oui, le coût de la transition écologique promet d’être faramineux. Oui, la taxe carbone telle qu’elle a été pensée jusqu’à ce jour, est une aberration. Oui, cette transition à marche forcée détruira bien plus d’emplois qu’elle n’en créera. Oui, enfin, les lobbies en tous genres et de subtiles considérations fiscales pèsent de tout leurs poids sur les orientations choisies. Les grands débats étant à la mode, il serait sans doute enfin temps que soit organisée une vrai réflexion sur ce sujet, à condition toutefois que personne ne confonde vitesse et précipitation, et que toutes les données soient - enfin - honnêtement posées sur la table. L’urgence écologique, impossible à nier dans de nombreux domaines, ne devrait pas nous faire perdre tout bon sens au seul profit d’une
nouvelle idéologie.
PIERRE COSSARD / Directeur de la publication
MOBILITÉS MAGAZINE 25 - AVRIL 2019 - 3