Page 3 - MOBILITES MAGAZINE n°58
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 Editorial
    Retour à la réalité
L’attaque de l’Ukraine par la Russie n’est pas seulement un drame pour les populations soumises aux horreurs du conflit. Elle met clairement en lumière les contradictions fondamentales qui traversent l’Union européenne et ses politiques vertes. Elle pointe aussi du doigt l’absence de vision à longs termes de ceux qui
ont imposé leurs vues en la matière. N’importe quelle personne dotée d’un minimum de bon sens aurait normalement dû comprendre qu’une politique fondée sur la sortie éclair du nucléaire au profit de sources d’énergies intermittentes, menée en parallèle avec l’électrification massive des transports (et accessoirement du chauffage collectif ou individuel) ne pouvait que faire exploser la dépendance au gaz, voire au charbon, tous
deux nécessaires pour pallier l’absence de vent ou de soleil. En bref, la stratégie allemande (que nos amis d’outre-Rhin ont bien tenté d’imposer à toute l’Europe) est un échec patent. Ce pays est devenu le premier émetteur de CO2 du continent, il est massivement dépendant du gaz russe, et son usage du charbon (la plus polluante des sources d’énergie) a pratiquement augmenté de 50 % au mois de mars dernier. N’en déplaise aux lobbies « verts », et à ceux qui profitent grassement des subventions accordées aux renouvelables, il est peut-être temps de se poser un peu et de tenter de définir une vraie politique de transition (et pas de révolution) des transports et de toute notre société, et ce pour les 50 ans à venir. Dans le domaine qui est le nôtre, il est donc sans doute temps d’écouter les opérateurs de transport, les techniciens, voire les chercheurs, qui tous, en savent bien plus à leur niveau que la plupart des idéologues germanopatrins ou des écologistes de plateau TV. Peut-être est-il aussi bon de rappeler que l’écrasante majorité des chefs d’entreprises évoqués ici n’a aucune volonté de « détruire la planète » ! Elle est juste confrontée
à la dure réalité économique de la gestion d’entreprise, ce qui est souvent loin d’être le cas des donneurs de leçon les plus virulents...
Notre pays, financièrement affaibli, a très certainement besoin d’investissements massifs, mais peut-être pas dans des champs d’éoliennes ou de panneaux solaires d’une dizaine d’années de durée de vie. Sa résilience (un mot à la mode) et son indépendance à venir devrait s’appuyer sur le rattrapage du retard pris dans la construction de nouvelles centrales nucléaires (ou de centrales de nouvelles générations). Mais il devrait aussi multiplier les investissements dans la recherche appliquée à l’amélioration des batteries de traction, ou au développement de l’usage de l’hydrogène, sous toutes ses formes. Deux pistes qui semblent, à longs termes, donner les meilleurs résultats possibles pour un pays qui, rappelons-le, se trouve déjà dans le bas du classement en matière de rejet de gaz à effet de serre, grâce au nucléaire...
   PIERRE COSSARD / Directeur de la rédaction
MOBILITÉS MAGAZINE 58 - AVRIL 2022 - 3
  

























































































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