Page 5 - Voyages & groupe n°21
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”Nervous breakdown
Le 29 janvier, sans accord, les députés britanniques se sont prononcés contre une sortie de l’Union européenne (UE). Exigeant aussi un moratoire sur la frontière entre les deux Irlande. Le spectre d’un no deal s’éloigne donc. Mais, quelle qu’en soit l’issue, le départ du Royaume-Uni de l’UE, annoncé pour le 29 mars aura des répercussions, en particulier sur le tourisme.Depuis le référendum de juin 2016, les seules conséquences tangibles jusqu’alors ont été un affaissement du cours de la livre sterling de près de 15% face à l’euro. Une baisse qui, mécaniquement, est synonyme pour les touristes anglais de vacances more expansive en France. Il
est donc probable que les sujets de Sa Majesté seront moins nombreux chez nous. Sans compter que leur pouvoir d’achat durant leur séjour en Europe sera de facto réduit. D’ici à ce qu’ils rejoignent les Gilets jaunes sur ce thème d’actualité... Le Royaume-Uni est le deuxième plus gros exportateur de touristes d’Europe : 76% d’entre
eux voyagent vers les pays membres de l’UE. En France, les Britanniques représentent,
par exemple, la première clientèle étrangère en Bretagne, 29% des nuitées en Gironde, 19% dans les Pyrénées-Atlantiques, 17% en Charente Maritime... Lors de son congrès, en novembre, l’Union des aéroports français (UAF) a alerté les pouvoirs publics sur les conséquences de ce tarissement, notamment pour les petits aéroports. Le marché britannique représente 90% du trafic à Limoges, 80% à Bergerac, 77% à Grenoble, 58% à Béziers...
Sans compter l’impact sur les compagnies aériennes britanniques et européennes. « Il
faut se préparer à toutes les éventualités », a alerté Alexandre de Juniac, directeur général
de l’Association internationale du transport aérien (Iata). Tout en soulignant « l’extrême
gravité des enjeux ». Car les compagnies pourraient perdre le droit d’opérer des vols entre
l’UE et le Royaume-Uni. Le trafic s’en verrait paralysé, le temps de trouver des solutions
bilatérales entre chacun des 27 Etats et le Royaume-Uni. Toutefois, Londres « envisage »
d’accorder aux compagnies européennes des dérogations pour qu’elles puissent fonctionner
normalement, et espère la même chose du côté européen. Certaines d’entre elles, comme Ryanair, incluront cet été, une « clause Brexit » dans leurs ventes de billets d’avion permettant leur annulation si des accords sur la réglementation aérienne ne sont pas signés. Le 4 janvier, la low cost irlandaise a obtenu un certificat de transporteur aérien au Royaume- Uni, un contrefeu qui lui permettra de continuer à proposer des vols après le Brexit, sur des liaisons britanniques et non européennes. De son côté, Thomas Cook a, lui aussi, inclus cette clause dans ses billets d’avion, applicable dès avril. Sans oublier Eurostar, dont la licence d’opérateur ferroviaire britannique ne serait plus valable en Europe.
Cheese on the cake : la liberté de déplacement des Britanniques au sein des autres pays de l’UE pourrait aussi être remise en cause. En fonction des modalités négociées avec l’Union européenne, le visa ferait alors son retour. Idem pour les Européens en partance outre-Manche. Retour à prévoir aussi du duty free. Enfin, pour les agences de voyages opérant tant au Royaume-Uni qu’en Europe, ce sera un véritable imbroglio nécessitant une révision des termes de leurs contrats.
Ainsi va le Brexit, up and down, plus de liberté, moins de liens. Et, surtout de grosses migraines en perspective. God save the Queen !
CATHERINE MAUTALENT / Rédactrice en chef
VOY“AGES & GROUPE 21 - FÉVRIER 2019 - 3
Editorial
 
















































































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