Page 3 - Voyages et groupe n°25
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 ” Le rouge est mis
Début mai, deux touristes français qui visitaient le parc de Pendjari, dans le Nord du Bénin, non loin de la frontière du Burkina Faso, sont enlevés par des jihadistes. Ils seront libérés par nos militaires lors d’une opération qui s’est soldée par la mort de deux d’entre eux. De quoi rouvrir la plaie du débat sur les voyages à risque.
Sauf qu’aujourd’hui, à Lyon ou au Caire, on est à l’abri de rien, nulle part. Tout est fluctuant. Le danger est partout et il voyage au gré de la géopolitique. « L’appréciation du risque est subtile, complexe et varie dans le temps », confiait au micro de France Info Jean-François Rial, Pdg de Voyageurs du Monde. Doit-on
pour autant renoncer à voyager ? Non. Renoncerait-on à aller skier de peur de se casser une jambe ? De prendre l’avion de peur qu’il s’écrase ?
Sur le site web du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, dans l’onglet
« conseils aux voyageurs », quatre couleurs définissent les niveaux de risques. De « vi-
gilance normale » à « formellement déconseillé » en passant par « vigilance renforcée » et « déconseillé sauf raison impérative ». Environ un tiers du globe est ainsi « déconseillé » aux touristes français. Mais, ce n’est qu’un avis informel, consultatif. Et que faut-il d’ailleurs entendre par « déconseillé » ? Le propos est flou, il y a nécessité à préciser. Reste que le site du Quai d’Orsay a pour vocation de recenser de façon la plus exhaustive possible tous les dangers liés aux pays. En moyenne, huit millions de personnes le consultent chaque année.
A l’instar des professionnels du voyage qui s’y réfèrent pour organiser et adapter leurs programmes. Rappelons qu’ils sont tenus, de par la loi, à une obligation d’information et à un niveau de responsabilité « de plein droit » en cas de dommage subi au cours du voyage...
Alors, faut-il classer davantage de zones à risques en rouge (« formellement déconseillé ») pour dissuader les touristes de s’y rendre ? C’est ce que préconise Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, après la libération des deux français enlevés au Bénin et la polémique qui a suivi. Pas franchement une bonne idée selon les tour-opérateurs et les agences de voyages. « Ce n’est pas une bonne solution », déclarait à l’AFP Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, ajoutant « que le voyage, c’est aussi une petite part de risques, sinon il faut rester à la maison ».
D’un autre côté, avec l’essor des ventes de voyages en ligne, il est de fait encore plus difficile de canaliser les flux des voyageurs. Quant parallèlement se pose la notion de la libre circulation. Quoi qu’il en soit, on ne peut pas interdire de voyager.
CATHERINE MAUTALENT / Rédactrice en chef
“VOYAGES & GROUPE 25 - JUIN 2019 - 3
Editorial
  





















































































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