Page 5 - Voyages & groupe n°30

”Crise mondiale ou pas ?
Un chiffre, à la fois simple et révélateur, est à prendre en considération lorsque l’on veut froidement mesurer l’impact potentiel de l’épidémie actuelle de coronavirus. A bien regarder en effet, un habitant de la planète sur cinq (les Chinois habitant leur pays) vit aujourd’hui cloîtré sur ordre de son gouvernement pour empêcher la
propagation d’une maladie très contagieuse, bien que moins mortelle que l’on ne pouvait le craindre. Pas de chance, ce pays est aussi l’usine de la planète, un des plus gros consommateurs de matières premières, et un émetteur de touristes hors normes...
Si les frasques de nos politiques obèrent quelque peu aujourd’hui, dans le cadre de la campagne des élections municipales, l’ampleur du désastre économique en cours, en minimiser les conséquences relèverait plus de la propagande que de l’honnêteté intellectuelle.
Pour ne rester que dans les limites de l’univers du tourisme,
on peut par exemple légitimement s’interroger sur les
ventes à venir concernant l’Asie... Idem pour les croisières.
La quarantaine actuellement imposée à un navire coincé au large du Japon, et dans lequel la nombre de malades ne cesse d’augmenter, laissera-t-elle des traces dans l’esprit des clients potentiels ? L’Afrique, qui vient d’enregistrer son premier cas de Covid-19 en Egypte, sera-t- elle à même de résister aux effets dévastateurs de cette épidémie ? Enfin, les aéroports, épicentres logiques de la propagation de la maladie, ne vont-ils pas être catalogués « zone à risques » par les touristes ?
On le voit, si l’incertitude politique domine bien « la séquence médiatique » actuelle dans l’Hexagone, le même type d’incertitude devrait aussi dominer le petit monde du tourisme. La psychologie n’est pas une science exacte, et celle du touriste pourrait fortement pâtir du feuilleton « coronavirus » dans ses futurs actes d’achat. Affaire à suivre...
pierre cossard/ DIrECtEUr DE LA réDACtIOn “ VOYAGES & GROUPE 30 - FÉVRIER 2020 - 5
Editorial