Page 3 - MOBILITES MAGAZINE N10
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Editorial
La magie... et la raison
La « fée électrique » semble avoir souf é sur l’univers des transports collectifs de surface. Les deux grands rendez-vous qui ont marqué la rentrée du secteur - les RNTP de Marseille et Busworld Europe - ont en effet permis de mettre en lumière l’ampleur des développements consentis par l’ensemble des acteurs industriels concernant la transition
rapide du diesel vers... autre chose. Si tous ne choisissent pas les mêmes chemins pour atteindre la vertu écologique, force est de constater que, du moins dans l’urbain, le courant passe au mieux entre les différentes solutions de propulsion électrique et les industriels.
Poussés par la verte quête de certaines agglomérations (le fameux « Paris, ville lumière » prend peut-être ici tout son sens...), les industriels rivalisent d’ingéniosité pour répondre aux attentes d’édiles désormais soucieux de la bonne santé de leurs administrés. Si les logiques industrielles qui prévalent au développement des nouveaux véhicules sont multiples, c’est bien l’électrique qui semble sortir gagnant de la première manche du grand match des transports urbains propres.
Comme personne ne peut désormais plus se permettre d’argumenter autour de la nocivité du diesel sur la santé de nos concitoyens, il va falloir passer à la trappe un bon siècle de développement industriel pour sauter, un peu dans l’urgence, sur quelque chose d’autre. Nonobstant les incontestables progrès réalisés par cette  lière au cours des dernières années, il convient sans doute, avant de foncer tête baissée dans la voie du tout électrique, de se poser un certain nombre de bonnes questions. Notre pays possède-t-il la capacité à produire suf samment pour répondre à une transition massive vers cette énergie ? Les chaînes de production et de recyclage de ces véhicules comme de leurs batteries sont-elles aussi vertueuses qu’on l’imagine ? Les réserves
de matières premières utiles et nécessaires à cette transition (on pense ici aux fameuses terres rares) sont-elles pérennes ? En n, nos sociétés occidentales sont-elles vraiment capables d’absorber économiquement une telle transition en un laps de temps court ?
Autant de pistes de ré exions et d’analyses qu’il va falloir explorer dans les mois et années à venir. L’enjeu est de taille. Rudolf Diesel a construit son premier prototype en 1897. Il aura fallu attendre 2017 pour que sonne plus ou moins le glas de ce qui fut une révolution industrielle et sociétale majeure. Espérons que le développement de nos capacités d’analyse sur le long terme a, lui aussi, suf samment évolué, pour nous éviter de nouveau ce que certains veulent considérer désormais comme un fourvoiement de grande ampleur...
PIERRE COSSARD / Editeur
MOBILITÉS MAGAZINE 10 - DÉCEMBRE - 3


































































































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