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FORMATION
Savoir faire
En agissant directement sur le système nerveux central, les substances psychoactives influent sur le psychisme et le comportement. De la diminution des doses à la substitution par des médicaments moins addictifs, plusieurs stratégies sont envisageables pour éviter les symptômes du manque.
Accompagner un sevrage aux benzodiazépines
Cas pratique
M. B. vous fait part de son inquiétude concernant sa prescription de benzodiazépines pour calmer son anxiété et améliorer son sommeil. Le médecin lui a dit qu’il faudra envisager une diminution progressive des doses pour pouvoir éviter un syndrome de sevrage. M. B. craint de ne plus pouvoir se passer
du traitement.
Vous le rassurez en lui disant qu’il est normal que le médecin l’informe d’emblée de la sortie
du traitement parce qu’il existe un risque de dépendance bien connu et qu’il est tout à fait possible de le contrôler. L’arrêt du traitement
se passe très bien la plupart du temps. Il suffit de respecter quelques précautions. Cela ne doit pas remettre en question l’intérêt du traitement qui lui a été prescrit temporairement.
Commercialisées depuis les années 1960, les benzodiazé- pines (BZD) sont des molécules qui agissent sur le système ner- veux central avec des propriétés communes : anxiolytiques, hyp- notiques, myorelaxantes et anti- convulsives. Le zolpidem et la zopiclone, mis sur le marché à la
fin des années 1980, sont des molécules dites « apparentées » aux benzodiazépines hypno- tiques, dont elles sont proches par leur mécanisme d’action et leurs effets, sans avoir la même structure chimique. Les BZD et médicaments apparentés sont les anxiolytiques les plus utilisés en raison de leur efficacité rapide sur l’anxiété et leur faible toxicité. Plusieurs rapports ayant fait état de consommations importantes sur de longues durées, un arrêté du 7 octobre 1991 a limité la durée maximale recommandée de prescription à quatre semain- es pour les hypnotiques et douze semaines pour les anxiolytiques (voir tableau page suivante). Malgré ces recommandations, des consommations pouvant s’étendre sur plusieurs mois, voire plusieurs années, sont encore observées. Or, au-delà de quel- ques semaines de traitement, les benzodiazépines perdent en effi- cacité, alors que les risques de survenue d’effets indésirables augmentent.
SYNDROME DE SEVRAGE AUX BZD Délai d’apparition
Un syndrome de sevrage peut survenir dans les jours suivant l’arrêt du traitement.Le délai d’ap- parition des symptômes dépend de la durée d’action du médica- ment, elle-même en lien avec la demi-vie d’élimination de la molécule, c’est-à-dire le temps nécessaire pour que sa concen- tration sanguine soit diminuée de moitié. Il est admis que la quasi- totalité d’un médicament est éli- minée après cinq demi-vies. Donc, plus la demi-vie est courte, plus l’action du médicament est brève.
Avec les BZD à brèves durées d’action, comme le clotiazépam (Veratran), surtout utilisées à fortes doses, les signes de sevrage peuvent même apparaître entre deux prises.Avec les BZD ayant une demi-vie plus longue, par exemple le diazépam (Valium), les symptômes peuvent n’appa- raître que plus d’une semaine après l’arrêt du traitement.
38 L’infirmière libérale magazine • n° 344 • Février 2018