Page 53 - L'INFIRMIERE LIBERALE MAGAZINE _ NOUVELLE FORMULE
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                 FORMATION
cahier
Pharmacodépendance et sevrage
Symptômes
du sevrage aux BZD
Divers symptômes, certains d’in- tensité sévère, peuvent survenir à l’arrêt des BZD (voir tableau p. 42). Il s’agit notamment d’une anxiété, de contractions muscu- laires involontaires, de tremble- ments, parfois de convulsions, d’hallucinations et d’une fièvre.
ARRÊT DES BENZODIAZÉPINES
Les recommandations
q Prescriptions limitées URéserver la prescription aux indications validées et respecter les durées de prescription pré- vues par l’autorisation de mise sur le marché du médicament (AMM).
US’interroger sur la mise en œuvre d’un arrêt du traitement lors de toute demande de renou- vellement.
q Proposition d’arrêt
Une stratégie d’arrêt de la consom- mation doit être proposée à tout patient traité quotidiennement depuis plus de trente jours. Le patient doit être acteur du proces- sus d’arrêt. Il doit savoir que l’arrêt progressif peut prendre de trois mois à un an, voire plus si néces- saire. Et que si l’objectif est l’arrêt
Durées d’utilisation recommandées des BZD
Troubles
du sommeil
Source : Haute Autorité de santé, « Arrêt des benzodiazépines et médicaments apparentés : démarche du médecin traitant en ambulatoire », rapport d’élaboration, juin 2015 (lien : bit.ly/2DWq2O8).
  Indications
 Troubles sévères du sommeil
en cas d’insomnie occasionnelle ou transitoire.
Durées (comprenant la période de réduction de la posologie)
De quelques jours à quatre semaines.
Exemples :
- deux à cinq jours pour une insomnie occasionnelle
lors d’un voyage,
- deux à trois semaines pour une insomnie transitoire
lors de la survenue d’un événement grave.
 Anxiété
Traitement symptomatique
des manifestations anxieuses sévères et/ou invalidantes.
Prévention et traitement
du delirium tremens et des autres manifestations du sevrage alcoolique.
Huit à douze semaines maximum pour la majorité des patients.
Traitement bref de l’ordre de huit à dix jours.
  de la consommation, une diminu- tion de la posologie est considérée comme un résultat favorable. En cas de refus du patient, il est recommandé de renouveler l’in- formation ultérieurement.
q Anticipation de l’arrêt
Il est recommandé d’expliquer au patient, dès l’instauration du trai- tement :
Ula durée du traitement ;
Ules risques liés au traitement, notamment de dépendance ; Ules modalités d’arrêt compte tenu de ces risques.
Une étude canadienne publiée en avril 2014 (1) rapporte que 62 % des participants ayant reçu une infor-
mation initiale sur les effets des BZD et l’offre d’un protocole d’ar- rêt progressif ont initié un arrêt des BZD avec leur pharmacien ou leur médecin. Après six mois, 27 % ont maintenu l’arrêt des BZD, contre 5 % des patients n’ayant pas reçu cette information initiale.
Les raisons d’arrêter (2)
q Risque de tolérance
La consommation de BZD peut entraîner une tolérance pharma- cologique, c’est-à-dire une dimi- nution progressive de l’effet recherché pour une même dose administrée. Ce qui peut conduire à une augmentation des doses pour maintenir le même effet. Cette tolérance peut arriver assez rapidement en cas d’utilisation quotidienne, raison pour laquelle la durée de prescription est limi- tée à douze semaines pour les anxiolytiques et quatre pour les hypnotiques.
q Risque de dépendance Tout traitement par BZD, y com- pris à doses thérapeutiques, peut induire une dépendance. La per- sonne ne peut interrompre sa consommation sans ressentir les effets du sevrage, et la Q
L’utilisation des BZD en baisse mais toujours élevée
La consommation de BZD et apparentés a globalement diminué en France depuis l’année 2000. Entre 2012 et 2015, le nombre de consommateurs de BZD a baissé de 5,7 %, de 3,8 % pour les BZD anxiolytiques et de 12,8 % pour les BZD hypnotiques. Mais le nombre d’utilisateurs reste encore très élevé. Ainsi, en 2015 :
q la France se situe au 2e rang européen pour la consommation totale de BZD (derrière l’Espagne), au 3e rang pour la consommation de BZD hypnotiques (derrière la Suède et la Norvège) et au 2e rang pour la consommation de BZD anxiolytiques (derrière l’Espagne) ;
q 13,4 % de la population française a eu au moins un remboursement de BZD dans l’année ;
q environ 6,5 millions de personnes ont consommé une BZD anxiolytique (10,3 % de la population) ; environ 3,5 millions, une BZD hypnotique (5,6 % de la population).
Source : d’après ANSM, « État des lieux de la consommation des benzodiazépines en France », avril 2017 (lien :http://bit.ly/2Dn9DV4).
    L’infirmière libérale magazine • n° 344 • Février 2018 39
   















































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