Page 56 - L'INFIRMIERE LIBERALE MAGAZINE _ NOUVELLE FORMULE
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FORMATION
Symptômes de sevrage aux BZD
PRISE EN CHARGE D’UN SYNDROME
DE SEVRAGE
Un syndrome de sevrage peut apparaître dans les jours qui sui- vent l’arrêt du traitement par une BZD à posologie normale. Avec des BZD à courte durée d’action, ces symptômes peuvent même se manifester entre deux prises du médicament.
Facteurs de risque
L’intensité et la durée du syn- drome de sevrage sont augmen- tées en cas de :
Urapidité de la diminution des doses de BZD ;
Uconsommation d’une posologie élevée de BZD ; Uconsommation de BZD à demi- vie courte d’élimination (courte durée d’action) ;
Uanxiété importante en début d’arrêt progressif ;
Udépression associée ; Usurconsommation régulière d’alcool ou consommation d’au- tres substances psychoactives.
Les symptômes
Les symptômes de sevrage aux BZD les plus fréquents sont l’anxiété, l’insomnie, les cépha- lées, la confusion et les halluci- nations.
Les symptômes de sevrage les plus souvent rapportés lors de l’arrêt progressif d’une consom- mation de plus d’un an sont :
Udes symptômes d’intensité modérée : agitation, anxiété, ner- vosité, céphalées, diaphorèse, diarrhée, dysphorie, étourdisse- ment, faiblesses ou raideurs mus- culaires, fatigue, goût métallique dans la bouche, impatience, insomnie, irritabilité, léthargie, manque de motivation, perte
Symptômes rapportés lors de l’arrêt graduel des benzodiazépines pour une consommation > un an
Intensité des symptômes
Agitation, anxiété, nervosité, céphalées, hypersudation, diarrhée, perturbation de l’humeur, étourdissement, faiblesses ou raideurs musculaires, fatigue, goût métallique dans la bouche, impatience, insomnie, irritabilité, léthargie, manque de motivation, perte d’appétit, sensibilité accrue aux bruits et aux odeurs, trouble de la concentration.
Modérée
Cauchemars, confusion, convulsions (rare), délire, dépersonnalisation, distorsion perceptive, fasciculations, hypotension orthostatique, mauvaise coordination ou incoordination motrice, nausées, vomissements, tachycardie, palpitations, tremblements, vertiges.
Sévère
Source : Haute Autorité de santé, « Arrêt des benzodiazépines et médicaments apparentés : démarche du médecin traitant enambulatoire», rapportd’élaboration,juin2015(lien:bit.ly/2DWq2O8).
(1) C. Tannenbaum,
P. Martin, R. Tamblyn, A. Benedetti, S. Ahmed, « Reduction of inappropriate benzodiazepine prescriptions among older adults through direct patient education: the EMPOWER cluster randomized trial », JAMA International Medicine, 2014,
174 (6), 890-8.
(2) National Institute for Health and Care Excellence, « NICE Clinical knowledge summaries : Benzodiazepine and z-drug withdrawal », London, NICE, 2013. (3) NHS Fife,
A. Baldacchino,
L. Hutchings,
« Guidelines for benzodiazepine prescribing in benzodiazepine dependence », Kirkcaldy, NHS Fife, 2013.
(4) Haute Autorité de santé, « Arrêt des benzodiazépines et médicaments apparentés : démarche du médecin traitant en ambulatoire », Fiche Mémo, juin 2015 (lien : bit.ly/2rcKp7a).
Q des symptômes de sevrage. Par exemple, diminuer la posologie de5à10%touteslesuneàdeux semaines ou d’un huitième de la dose toutes les deux semaines (2). La diminution de la posologie est ralentie lorsque les doses devien- nent faibles, c’est une phase déli- cate du sevrage.
q Adaptation
de la stratégie d’arrêt
UEn cas de signes de sevrage sans gravité pendant l’arrêt pro- gressif : revenir à la posologie anté- rieure, puis reprendre la diminution des doses plus progressivement. UEn présence de signes plus sévères ou persistants : une réévaluation diagnostique s’im- pose, à la recherche par exemple d’une dépression, de troubles anxieux ou d’une insomnie avé- rée, avec mise en place d’une prise en charge spécifique.
UEn présence de signes graves de type confusion, hallucina- tions, troubles de vigilance, convulsions, coma : une hospita- lisation pour traitement sympto- matique est justifiée.
UEn cas de signes sans gravité après l’arrêt complet du ou des médicament(s) en cause : il est recommandé de ne surtout pas
reprendre le traitement. L’infor- mation et le soutien psycholo- gique permettent le plus souvent d’attendre la disparition des signes.
q Substitution
par le diazépam
La substitution de la BZD en cause par le diazépam (Valium et génériques) peut être utilisée dans certaines stratégies d’arrêt. Le diazépam a une demi-vie d’élimination plasmatique longue, ce qui permet de maintenir un taux stable de BZD dans le sang et ainsi d’éviter les pics de varia- tion des taux qui favorisent la dépendance. Par exemple, pour des personnes : Udépendantes à des BZD à action brève (alprazolam ou lora- zépam) ;
Ufortement dépendantes et ren- contrant des difficultés à l’arrêt ; Uavec antécédents d’abandon de sevrage médicamenteux ; Udépendantes à des BZD ne permettant pas aisément la réduction des doses : alprazolam (Xanax), loprazolam (Havlane) ou lormétazépam (Noctamide) ; Udépendantes à une consom- mation concomitante de plu- sieurs BZD.
42 L’infirmière libérale magazine • n° 344 • Février 2018