Page 61 - L'INFIRMIERE LIBERALE MAGAZINE _ NOUVELLE FORMULE
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                 FORMATION
cahier
Pharmacodépendance et sevrage
les autres opiacés, elle a des pro- priétés analgésiques et antitus- sives, et ses propriétés euphori- santes sont faibles. Le dosage est adapté au cas par cas. Elle peut être utilisée pour le sevrage à des antalgiques opioïdes faibles (codéine). Elle entraîne aussi une dépendance. L’arrêt du traitement se fait par diminution progressive des doses, par paliers, au moins
hebdomadaires, de 5 à 10 mg en moins à chaque palier.
q La buprénorphine haut dosage
La buprénorphine haut dosage (Subutex) est un agoniste/anta- goniste morphinique. La posolo- gie est adaptée à chaque patient en augmentant progressivement les doses jusqu’à la dose mini-
male efficace. La dose doit être prise une fois par jour par voie sublinguale, seule voie efficace et bien tolérée pour l’administra- tion de ce produit. Elle peut être utilisée pour le sevrage à des antalgiques opioïdes faibles (codéine). La buprénorphine crée une dépendance, et l’arrêt sera progressif pour éviter les symp- tômes du sevrage. 
  Dr Anne-Marie Brieude
Médecin addictologue au centre hospitalier de Blois, coordinatrice médicale du Rézo Addictions 41, réseau d’accès aux soins en addictologie (Loir-et-Cher)
    « Le sevrage aux benzodiazépines est souvent plus compliqué que celui aux antalgiques opïodes »
Qui sont les patients suivis par le Rézo Addictions 41 ?
Le réseau prend en charge des patients en situation complexe, quand l’addiction est associée à des problématiques multiples, sociale, psychologique, médicale ou autre. La demande d’inclu- sion d’un patient peut émaner entre autres d’un médecin gé- néraliste, d’une assistante so- ciale, d’un professionnel de Csapa (centre de soin, d’ac- compagnement et de prévention en addictologie), de la famille ou même du patient lui-même. Rézo Addictions 41 fonctionne en tant que plateforme d’appui en médecine générale, en charge de la coordination des soins de proximité. Il ne s’agit donc pas à proprement parler d’un système de soins supplémen- taire. L’objectif est de favoriser l’accès aux soins spécialisés, tant pour les patients que pour les professionnels de santé libéraux.
Prenez-vous en charge des addictions médicamenteuses ? Oui, nous avons plus de demandes concernant les benzodiazépines, mais nous sommes aussi sollicités pour des consommations problé- matiques d’antalgiques opioïdes. Par exemple, pour deux patientes ayant développé une dépendance à des antalgiques codéinés pres- crits initialement pour des dou- leurs abdominales chez l’une et des céphalées chez l’autre.
Quelles ont été les modalités du sevrage ?
Dans ces deux cas, la prise en charge s’est faite dans des contextes de difficultés sociales et de syndrome anxio-dépressif. Les deux patientes ont bénéficié d’un traitement de substitution, la méthadone pour l’une, la bu- prénorphine pour l’autre. Des médicaments à longue durée d’ac- tion avec lesquels il a été possible d’instaurer une diminution pro- gressive des posologies.
Le sevrage aux antalgiques opioïdes est-il plus compliqué que celui aux benzodiazépines ? Non, le sevrage aux benzodia- zépines est souvent plus com- pliqué. Il intervient fréquem- ment dans le cadre de troubles anxio-phobiques sous-jacents, de type phobie sociale par exem- ple. Et même si l’entrée dans une pharmacodépendance a dé- buté lors de difficultés rencon- trées à un moment donné, le patient a peur de « lâcher » son traitement par crainte de re- trouver la souffrance qui a mo- tivé la prescription initiale. Nous associons de plus en plus d’autres approches, comme la sophrologie, l’hypnose ou la re- laxation dans ces situations. Le suivi de la prise de médica- ments par des pharmaciens ou des infirmières libérales permet d’accompagner très régulière- ment le patient, notamment dans des stratégies de diminu- tion des doses.
   L’infirmière libérale magazine • n° 344 • Février 2018 47
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Entretien












































































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