Page 3 - Voyages & Groupe n°20
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                ”Avec gilet et sans filet
L ’année 2018 va se refermer sur un secteur touristique bringuebalé. Victime collatérale de la mobilisation des « gilets jaunes ».
A La Réunion, en particulier, au moment où la saison touristique bat son plein. Près de 200 naufragés du ciel et de la mer ont ainsi été obligés de dormir sur des lits de camp d’infortune, posés dans l’entrée de l’aéroport international de l’île. Quand, parallèlement, l’approvisionnement dans les grands hôtels et les restaurants faisait défaut. Une mobilisation entachée par des actes violents. Un nouveau coup dur pour le tourisme local, mais tour-opérateurs, agences de voyages et réceptifs étaient à pied d’œuvre.
En métropole, même topo ! Les blocages ont grandement pénalisé les autocaristes transportant leurs groupes, allant ou revenant de leurs journées d’excursions. Voire de circuits plus lointains. Des clients légitimement exaspérés par les heures d’attente, l’incertitude. La Fédération nationale des transports de voyageurs
(FNTV) évoquait même des « transports touristiques faisant l’objet de nombreuses annu-
lations ». En perturbant une partie du trafic en France, certains Français ont donc préféré rester chez eux. Sans parler de la nécessité de « trouver des solutions alternatives d’ap- provisionnement en carburant » ou plus injuste encore, « les risques de sanctions encourus pour le non respect des temps de conduite et de repos des conducteurs », ajoute la fédération. Interviewée sur BFMTV, une responsable d’un groupe bloqué dans un autocar, essayait de faire entendre raison à des « gilets jaunes ». Défiant la colère, certes, légitime, mais refusant fermement cette « prise d’otage ». Sans vouloir prendre position, il faut reconnaître que cette dame n’a pas vraiment tort. Pourtant, on le sait très bien, toute mobilisation, en particulier les blocages routiers, a forcément des conséquences imprévisibles.
Mais, au-delà de l’impact chiffré sur l’économie en général, l’un des principaux dommages
collatéraux des blocages est la perception du pays à l’étranger. Avec comme toujours un
secteur en première ligne, le tourisme. Le désordre provoqué est préjudiciable à l’image renvoyée de la France par les médias nationaux et internationaux. Pensons aussi aux touristes étrangers, qui ont peut-être eu la malchance d’avoir choisi de découvrir notre pays au même moment. C’est sûr, ça a dû coincer ! Au sens propre comme au figuré.
Malgré tout, en cette fin d’année, la France semble bien partie pour rester en tête de peloton des destinations les plus visitées au monde. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat chargé du Tourisme, annonçait que le cap des 90 millions de touristes devrait être dépassé. Et ce malgré des situations contrastées d’une région à l’autre, un effet retardateur de la Coupe du monde de football, les grèves de la SNCF et d’Air France ainsi qu’une météo capricieuse. De son côté, la profession sort, elle aussi, globalement gagnante de cette année 2018, avec des indicateurs au vert.
Souhaitons que 2019 poursuive sur cette même lancée. Même si, selon le dernier baromètre Raffour Interactif, ils n’étaient plus que 46% d’agents de voyages à se déclarer satisfaits de travailler dans le secteur et confiants dans l’avenir, contre 61% l’année dernière. Soit un recul de 15 points. En cause ? Des clients aux budgets contraints, exigeants et surinformés. Et désormais surprotégés depuis juillet dernier.
CATHERINE MAUTALENT / Rédactrice en chef “ VOYAGES & GROUPE 20 - Décembre 2018 - 5
Editorial
 





















































































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