Page 3 - MOBILITES MAGAZINE n°56
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 Editorial
Une peur passe, une autre arrive...
Personne (ou presque) ne semble désormais douter qu’une sortie de crise sanitaire est bel et bien en vue. Pourquoi, dans ces conditions, certains s’acharnent-ils à maintenir une mesure aussi discutable - dans le principe - que le fameux passeport vaccinal ? La réponse se trouve-t-elle dans le nom qui est parfois donné à ce nouveau moyen de contrôle numérique chez certains de nos
voisins (italiens notamment), le « green pass » ? Dans une Europe qui préconise discrètement la mise en œuvre d’un portefeuille électronique pour tous les habitants du continent et qui repeint en vert toutes les mesures qu’elle tente d’imposer à chaque état,
il y a de quoi mettre la puce à l’oreille. On peut aussi s’inquiéter de voir quelques sénateurs français envisager sérieusement la possibilité d’utiliser tous azimuts un si bel outil électronique de contrôle. Sans oublier, bien entendu, quelques associations ou « forums », souvent fortement marqués politiquement, qui annoncent déjà clairement leurs ambitions de faire la promotion d’un « pass écologique » qui imposera un quota carbone annuel à chaque citoyen désormais « éclairé ». Autant de « signaux faibles » qui devraient réveiller sérieusement tous les partisans de la démocratie, du moins dans son acceptation occidentale. Bien sûr, pour faire passer cette pilule, il faudra trouver un nouveau levier pour influer sur les esprits et donc instrumentaliser une nouvelle peur, celle du virus étant désormais en perte de vitesse. La prochaine angoisse généralisée est bien entendu toute trouvée, on la nomme déjà «réchauffement» ou «dérèglement» climatique selon les saisons. Si presque personne ne doute désormais qu’il nous faille faire évoluer certaines de nos « mauvaises » habitudes pour moins peser sur les écosystèmes qui nous font vivre, il convient sans doute de regarder avec circonspection les ardeurs des nouveaux apôtres d’un
hypothétique sauvetage planétaire. Avant de se lancer tête baissée dans un changement de paradigme sociétal majeur (ce qui est d’ailleurs vrai pour tout ce qui touche à la transition énergétique), il faudrait d’abord réfléchir à toutes les implications à longs termes d’une telle mesure. La peur (réelle ou mise en scène) est, dit-on, souvent mauvaise conseillère.
On peut toutefois se rassurer un peu en considérant que ce nouvel outil de contrôle social sera peut-être, selon la nouvelle formule consacrée, « beaucoup plus dangereux, mais clairement moins sévère » qu’un bon vieux diktat digne du XXe siècle...
   PIERRE COSSARD / Directeur de la rédaction
MOBILITÉS MAGAZINE 56 - FÉVRIER 2022 - 3
      

























































































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