Page 3 - MOBILITES MAGAZINE N°3

Editorial
Une mode
alternative
L’année 2017 est décidément électrique en bien des points. Passons sur les aléas d’une campagne électorale dont on n’oubliera pas de sitôt les multiples rebondissements d’arrière cuisine. Elle restera très certainement dans nos mémoires comme d’une rare médiocrité politique. Du moins si l’on s’en tient à la définition grecque du mot : « polis », la Cité, et
« techné », la Science. Une façon de bien mesurer combien le spectacle qui se déroule sous nos yeux s’éloigne chaque jour un peu plus de la perception platonicienne du Politique : « L’art politique réalisant le plus magnifique et le plus excellent de tous les tissus, en enveloppe, dans chaque Cité, tout le peuple »
Plus pragmatique, Machiavel renchérissait quelques siècles plus tard de son « Tout n’est pas politique, mais la politique s’intéresse à tout ». Et en ce sens, force est de constater que dans le secteur des transports collectifs, l’heure est clairement aux grandes manœuvres institutionnelles contre le « démon » diesel, au profit - dans la plupart des cas - de la « fée » électrique. C’est donc en observateurs avertis, et curieux, que les journalistes de Mobilités Magazine se sont penchés sur le phénomène très « politique » qu’est devenu le bus à batteries. Pas question pour notre équipe de prendre position dans les rapports de force qui se font jour dans ce domaine. Nous avons simplement souhaité poser les bonnes questions. Celles que tous, opérateurs, industriels et autorités organisatrices, doivent légitimement se poser pour éclairer ce véritable phénomène sociétal. Techniques ou économiques, certaines réponses, vous le découvrirez, devraient interpeller, voire parfois modérer les ardeurs, souvent idéologiques, des partisans les plus branchés sur le secteur. Pour autant, une transition est bien en marche. Un nouveau mode de transport semble devoir s’installer durablement dans nos villes et, peut-être bientôt, dans nos campagnes. Il convient donc d’en mesurer le plus précisément possible toutes les implications, et ce sur l’ensemble de la durée de vie et d’exploitation de ces matériels. Autant dire que si les
débats de fond peinent à s’imposer dans la campagne présidentielle en cours, ceux qui concernent l’émergence de cette nouvelle technologie seront encore vifs bien après que la lumière du dernier bureau de vote ait été éteinte.
PIERRE COSSARD / Editeur
MOBILITÉS MAGAZINE 03 - AVRIL 2017 - 3