Page 3 - Voyages et Groupe N°5
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                ” Unministère aux abonnés absents
Sans surprise, le 7 mai, Emmanuel Macron a été élu président de la République. Le Premier ministre nommé le 16, la composition du gouvernement dévoilée le 17. Dix-huit ministres, quatre secrétaires d’Etat. Huit jours plus tard tombaitundécret*relatifauxattributionsduministredesA airesétrangèresetdel’Europe:(...)«leministre est compétent pour dé nir et mettre en œuvre la politique du développement in-
ternational de la France, notamment au titre du commerce extérieur et du
tourisme (...) pour l’exercice de ses attributions en matière de tourisme, le ministre
dispose de la direction générale des entreprises », qui dépend du ministère de
l’Economie. Le tourisme reste donc rattaché au ministère des A aires étrangères. Ce
qui, en soi, n’est pas un faux pas. Mais la marche s’arrête là : pas de ministère, pas de
ministre délégué, pas de secrétaire d’Etat. En revanche un super-ministre ! Jean-Yves
Le Drian cumulera donc plusieurs portefeuilles (Commerce extérieur, Tourisme, Fran-
cophonie, Codéveloppement ou encore Français à l’étranger) en un (A aires étrangères
et Europe). Beaucoup pour un seul homme? Personne pour l’épauler, il devra tout
gérer à lui tout seul. Une situation inédite qui ne laisse pas augurer du meilleur pour
le secteur touristique. Les législatives changeront-elles la donne ?
Ne pas tenir compte, dans la constitution d’un nouveau gouvernement, d’un pan
entier de l’économie française qui engrange plus de 160 milliards d’euros par an, est
un signal funeste envoyé à la profession, laquelle, on le sait, traverse ces derniers
temps une crise sans précédent. Déjà, durant la campagne présidentielle, le secteur
avait fait page blanche dans les programmes des candidats. Aux « primaires du tourisme », organisées en mars par l’Institut français du tourisme (IFT) en présence de cinq représentants des principaux partis, la question de la gouvernance n’avait pas mobilisé les troupes. Et En Marche !, le mouvement d’Emmanuel Macron, leur avait emboité le pas. Seul point commun : ne pas installer un ministère du Tourisme à part entière, à l’inverse de la majorité des pays, y compris la Syrie... Quoi qu’il en soit, comme à l’habitude, l’élection du nouveau Président français a donné des ailes aux voyageurs du monde entier. Selon Kayak.fr, les recherches de vols de l’Europe vers la France ont a ché une hausse plus de 10%
le 7 mai. Sans en connaître les origines précises. Mais, roman national oblige, la villa des Macron, au Touquet, est devenue
la nouvelle valeur sûre du Pas-de-Calais. C’est l’attraction touristique du moment. La villa, mais aussi, l’hôtel Westminster, où ils se sont mariés, la brasserie Les Sports, où ils viennent déjeuner... Une opportunité présidentielle qui, si elle donne un coup de projecteur sur la paisible station balnéaire, ne doit pas faire oublier l’impérieuse nécessité d’apporter à la destination France et à tous les acteurs du secteur la représentativité comme le soutien indispensables et mérités. L’image
et le style d’un président ne font pas tout en matière d’attractivité touristique, il y a aussi la volonté politique. A condition d’a cher une réelle ambition, et de se donner les moyens de l’assouvir. Le décret paru au Journal o ciel le 25 mai dernier vient de l’anéantir. “
Editorial
 CATHERINE MAUTALENT / Rédactrice en chef (*) N° 2017-1074
VOYAGES & GROUPE 05 - JUIN 2017 - 3











































































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