Page 5 - Voyages&groupe n°22
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” Turbulences
L ‘année 2019 va-t-elle marquer un coup de frein à la vague des compagnies low cost long-courrier ? La faillite de Primera Air, la reprise de Wow Air par Icelandair et les difficultés financières de Norwegian posent la question. Après des années de croissance à deux chiffres, portée par des tarifs inférieurs d’environ 30% à ceux des compagnies aériennes classiques, certaines d’entre elles sont aujourd’hui rattrapées par la fragilité de leur modèle économique. Qui plus est dans un contexte de forte hausse des cours du pétrole et plombé par une concurrence accrue.
Sur le long-courrier, il est en effet plus difficile d’appliquer à la lettre les recettes qui ont fait le succès de compagnies comme Ryanair, easyJet ou Vueling en Europe, avec une multiplication effrénée des avions, des temps d’escale très courts, des personnels de bord aux salaires planchers... Et ces dernières
l’ont sans doute bien compris, qui malgré leur savoir-faire, ne se sont pas lancées sur
ces liaisons au long cours.
En 2018, les low cost long-courrier représentaient moins de 2% de la capacité mondiale
en sièges/kilomètres. Optimiste, Willie Walsh, le patron d’IAG (British Airways, Iberia,
Vueling et Aer Lingus), estime que le low cost pourrait représenter à terme 40% de
l’offre long-courrier...
A ce jour, du fait de la concurrence féroce sur l’Asie, ce segment se concentre presque
exclusivement sur l’axe transatlantique. Et les compagnies qui se risquent à déployer
leurs ailes sur ces lignes ont l’avantage d’être adossées à de grands groupes aériens,
parce qu’elles constituent des filiales de solides transporteurs classiques. A contrario,
celles qui jouent l’indépendance, seraient de fait moins bien loties.
Si ce marché particulier a connu un succès fulgurant ces dernières années (20 compagnies
à bas coût opérant sur ces trajets longue distance ont vu le jour en une décennie), il représente toutefois un modèle récent, lequel devra éprouver sa robustesse face à d’inévitables menaces, dont l’inexorable augmentation du coût du carburant en tête de file.
Les réserves de croissance de ce segment de marché apparaissent, certes, en première approche, comme davantage limitées que pour les low cost court et moyen-courriers. Mais, la capacité des compagnies aériennes à s’adapter à des conditions de marché difficiles ou celle des voyageurs à ajuster leurs usages à l’offre existante constitue cependant de possibles espoirs pour que ce modèle s’impose durablement dans le secteur.
A l’évidence, aujourd’hui, le business model low cost long-courrier cherche toujours sa voie, il doit cependant encore démontrer sa pérennité. Dans tous les cas, la question est à ce jour loin d’être tranchée. Seule certitude : la révolution annoncée dans le ciel n’a pas encore eu lieu.
CATHERINE MAUTALENT / Rédactrice en chef
VO“YAGES & GROUPE 22 - MARS 2019 - 5
Editorial
 













































































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