Page 6 - L'INFIRMIERE LIBERALE MAGAZINE - DOSSIER - CAHIER DE FORMATION
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                dossier
  >>> sans pour autant être persuadées que c’est nécessaire. Nous sommes là pour que la motivation devienne intrinsèque. » Le but d’un tel séjour est d’améliorer la qualité de vie. « Nous proposons des ateliers thérapeutiques, de loisir, des activités de soins de groupe. » La Gandillonnerie a aussi une convention avec un centre de l'Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) : le dernier mois de la prise en charge, les patientes
qui en font la demande sont accompagnées tous les matins afin de réfléchir à l’orientation qu’elles veulent donner à leur vie professionnelle et sociale. « Lorsqu’on est soignant, il est difficile d’envisager une recon- version, fait savoir le Dr Pinton. Mais comme le secteur du soin est vaste, elles peuvent rester dans le domaine et s’orienter vers la prévention, devenir infirmières scolaires... »
Former à détecter
À l’AP-HP, la mission Fides (« confiance » en latin), créée fin 2006, propose un dispositif ins- titutionnel de prévention et de prise en charge des addictions à destination des personnels médi- caux et non médicaux de l’AP- HP. « Nous avons monté un pro- gramme de formation et de sensibilisation du personnel qui porte sur la prévention, le repé- rage et l’accompagnement des collègues en difficulté vers les professionnels compétents en addictologie, raconte Fanny Male. Nous voulons faire en sorte que l’addiction soit réellement consi- dérée comme une maladie et non
comme un vice. » En 2014, la mis- sion Fides a souhaité cibler les étudiants, notamment ceux en soins infirmiers car, d’après un questionnaire leur ayant été adressé, 3 % étaient dépendants et 10 % avaient des conduites à risque. « À une reprise, avec l’aide d’un médecin, nous avons orga- nisé une intervention auprès des premières années en IFSI pour les sensibiliser à la question des addictions, indique Isabelle Cha- vignaud, coordinatrice de la mis- sion Fides. Nous avons demandé au directeur de la formation de faire en sorte que, dans tous les hôpitaux dotés d’une unité d’ad- dictologie, le médecin fasse une intervention de sensibilisation dans l’IFSI attaché. Mais cela ne s’est pas fait. » De même, la mis- sion a préconisé que les cadres pédagogiques des IFSI soient for- mées au repérage des élèves en situation difficile, mais il n’y a pas eu de suite. Les formateurs peu- vent quand même participer à la formation de la mission Fides mais, pour le moment, seulement deux l’ont suivie. E
* Enquête réalisée sur la base d’un questionnaire diffusé pendant 45 jours, début 2017, et ayant reçu 14 055 réponses exploitables.
 2 questions à...
Dr Christophe Cutarella, médecin-psychiatre à la clinique Saint-Barnabé à Marseille (Bouches-du-Rhône),
groupe Ramsay Général de Santé
L’intérêt d’une prise en charge dédiée aux professionnels de santé
   1Le fait d’être soignant nécessite-t-il une prise
en charge particulière lorsque l’on est dépendant ? La prise en charge ou l’accompagnement sont davantage liés à la personne qu’au métier exercé. En revanche, chez les soignants,
il y a des expositions supplémentaires dues à leur profession et, parmi
les addictions les plus importantes chez les infirmières, on retrouve
le tabac et les risques de pharmaco- dépendance. Néanmoins, l’intérêt d’une clinique comme la nôtre, dédiée aux soignants, est de permettre
aux professionnels d’adopter
un langage commun et un discours plus détaillé concernant les produits et lors des thérapies de groupe.
De plus, de nombreux soignants
ne veulent pas être pris en charge
à proximité de chez eux, ils préfèrent bénéficier d’un endroit plus confidentiel.
2
À une époque, les prises en charge de la toxicologie, de l’alcoologie
et de la tabacologie étaient disjointes,
ce qui n’était pas forcément
une bonne idée. Aujourd’hui,
les addictologues s’occupent
de toutes les addictions. Il n’y a donc pas vraiment de limite dans les structures. En revanche, il peut y en avoir par rapport aux produits et à la personne elle-même.
Si elle est adressée par quelqu’un et qu’elle ne veut rien faire,
on pourra difficilement avancer. Mais notre travail est de l’amener à prendre conscience de
ses problèmes. Les entretiens motivationnels servent à cela.
30 L’infirmière libérale magazine • n° 342 • Décembre 2017
Existe-t-il des limites dans
le traitement des addictions ?
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