Page 3 - Voyages & groupe n°23
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” Ilfautsauver le soldat France
Malgré les premières mobilisations de novembre et décembre 2018 des Gilets jaunes, alors que les arrivées de touristes internationaux semblaient repartir à la hausse, le mouvement de contestation sociale continue d’affaiblir le tourisme international en France avec l’arrivée du printemps. Des actes qui se succèdent, parfois dans la violence, largement relayés par les chaînes d’infos du monde entier. Des actes, encore, qui viennent compromettre l’image de Paris, mais aussi de Bordeaux, Nice ou encore Toulouse. Des actes, toujours, qui font peser à nouveau une sérieuse menace sur l’activité touristique. Ce que confirment les professionnels du secteur.
Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, reconnaissait récemment sur Europe 1, qu’il s’attendait « à une année 2019 plus difficile », évoquant la baisse de 8,6% des arrivées aériennes internationales sur les mois de janvier/février et une tendance de la clientèle haut de gamme à se détourner de Paris (« beaucoup de palaces tournent à 30% de taux d’occupation », indique le Quai d’Orsay). Baisse également de 3% de la fréquentation de la clientèle étrangère dans les hébergements collectifs. C’est le cas à Paris et sa région où la perte de chiffre d’affaires s’élève à plus de 250 millions d’euros, selon le Groupement national des indépendants (GNI). Des chiffres « en train de prendre la tendance que l’on avait connue après les attentats de 2015 », enchérit Didier Chenet, le président du groupement. De son côté, la chambre de commerce et d’industrie de Paris-Ile-de-France estime « une perte de 20 millions d’euros », additionnant les chiffres de l’hôtellerie, de la restauration et du shopping. Et les salons professionnels souffrent.
Samedi après samedi, les manifestations des Gilets jaunes, et surtout les violences qui
les accompagnent, ont donc fini par miner les chiffres du tourisme. Et clairement fait fuir les clients. Un véritable « sabotage de notre image et de notre économie », lance Jean-Baptiste Lemoyne, qui a promis un « plan de relance de la destination France ». Les images impressionnantes des Champs-Elysées, qui ont fait le tour du monde, ont achevé de plomber le moral des professionnels du secteur.
Dans ce contexte chaotique, il est peu probable que la France atteigne dès la fin 2020 l’objectif de 100 millions de touristes. Un graal que Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères et du Tourisme, avait fixé en 2015. « Mais ce genre d’objectif pousse à se mobiliser », affirme Jean-Baptiste Lemoyne. D’autant que la France figure en tête des destinations touristiques d’ici à 2027, avec un bond attendu du nombre de voyageurs venus de Chine, de Russie et du Moyen-Orient.
Le 6 avril s’est joué l’acte XXI des Gilets jaunes avec 22 300 manifestants comptabilisés par le ministère de l’Intérieur, soit la plus faible participation depuis le début du mouvement. Parallèlement se clôturait le grand débat national, une des réponses promises aux Gilets jaunes. La grande restitution s’est faite deux jours plus tard. Un travail qui se poursuivra au- delà de cette date. Et une question en filigrane : les mesures qui seront prises suffiront-elles à calmer le jeu ? Laissant augurer, alors, un retour à la normale, dont l’activité touristique hexagonale a aujourd’hui grand besoin.
CATHERINE MAUTALENT / Rédactrice en chef “ VOYAGES & GROUPE 23 - AVRIL 2019 - 3
Editorial
 

























































































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