Page 3 - MOBILITESMAGAZINE_N°12
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                 Editorial
Souriez, vous êtes roulés...
Loin de moi l’idée de rejeter en bloc l’impact d’une vitesse excessive sur l’accidentologie. Tout le monde est à même de comprendre qu’entre 90 et 50 km/h, le même choc ne produira certainement pas les mêmes effets. En revanche, borner une politique de sécurité routière à la baisse de 10 km/h de la vitesse autorisée sur les routes
secondaires apparaît un peu court. Certes, nous vivons désormais dans une société qui nie toute idée même de risque, et cherche à tout prix des coupables lorsque survient l’imprévu. Dif cile aussi de s’exprimer contre une telle mesure sans apparaître immédiatement comme un dangereux psychopathe de la route, vendu au lobby automobile. Et pourtant, des interrogations légitimes demeurent sur le bien-fondé d’une si courageuse mesure. Passons
sur la réalité des chiffres avancés en matière de vies épargnées. On nous en annonce 400, sans qu’aucune étude sérieuse ne vienne étayer le propos. Jetons aussi un voile pudique sur les sommes qu’il aura fallu dépenser pour changer l’ensemble de la signalétique concernée et le paramétrage des radars. Après tout, ces derniers rapporteront certainement bien plus dans les mois qui viennent que ce modeste investissement. Et l’on peut compter sur les sociétés privées désormais aux commandes de la verbalisation pour se montrer à la hauteur des attentes... Par ailleurs, on nous rappelle régulièrement que des pays, comme la Belgique ou la Suisse, subissent eux aussi une telle limitation, en oubliant toutefois de s’interroger sur le fait que l’Allemagne - si souvent citée en exemple - ne fait pas partie de ce club, alors qu’elle connaît un taux de mortalité routière moindre que le nôtre... Allez comprendre. Justement, c’est sans doute bien là que le bât blesse. Pour aborder dans sa globalité la problématique de la sécurité routière, il aurait fallu mettre en œuvre une ré exion « géométrique », un peu dif cile à développer dans le cadre du journal de 20 h. Ainsi, le mauvais état d’une partie du réseau routier, laissé sans trop de moyens ad-hoc aux bons soins des
collectivités locales, le développement exponentiel d’attitudes dangereuses au volant (téléphone, GPS, alcool, etc.), voire la paupérisation des fameux « territoires » - grands consommateurs forcés de déplacements automobiles sur petites routes - qui maintient par obligation économique sur le bitume des voitures plus accidentogènes que la moyenne. Dans le meilleur des mondes qui nous est désormais promis, il n’y aurait donc plus de place que pour des déplacements doux, partagés et non polluants. Un univers de cyclistes en somme, bien loin des 200 km parfois nécessaires pour trouver un emploi... Mais attention tout de même, dans les zones 30 qui vont désormais  eurir dans nos villes-monde, même le vélo pourra bientôt être  ashé !
PIERRE COSSARD / Editeur
   MOBILITÉS MAGAZINE 12 - FEVRIER - 3
      


























































































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