Page 5 - Lifestyle byROSIER 2020
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Editorial
WALTER SALLES
Electivelove. Unamoure,lectif.
The Portuguese poet Fernando Pessoa once said that you can't really know a place until you get lost in it. I followed his advice when discovering the Luberon 25 years ago, and fell completely in
love with it.
I was captivated by its translucent light, its extraordinary physical and human geography, and by the amicable and embracing way its inhabitants receive us.
As a  lmmaker, I have always been seduced by cave paintings— these  rst re ections of human presence on earth. The fact that these nomadic populations chose the Luberon as a place to settle many centuries ago does not seem accidental to me. The generosity of its climate, soils, springs and forests is unmatched.
Some friends are lucky enough to have bories on their land, near Gordes. I have always been amazed by the ingenuity of their architecture. It seems to me that the present-day Luberon is built from variations of these artisans’ craftsmanship. It was perhaps this inventiveness and generosity that attracted unique artists and thinkers like Chagall, Camus or Althusser.
The Luberon is a unique place to not only recover one’s lost energy, but also to work and to retreat into oneself. In order to recharge my batteries between two moments of writing, I like to follow the paths that disappear into the woods, or to venture out on a bike ride between Murs and Lioux — trying to follow, as best as I can, the pace of my elective brother Jean-Christophe.
Thus, to me, the Luberon represents a place of freedom and discovery. There, I have always felt surrounded by warm and affectionate people. At a time when foreigners are often seen as a threat, I appreciate the ethnic diversity found in the Luberon. Many of my friends who live in the region come from all four corners of the world, and all feel at home there.
Recently, one of my brothers carried out a test to detect our family’s origin. He discovered that we come from the Iberian Peninsula as well as from the region of Minas Gerais in Brazil, but he also found out that part of our origin is French — which I did not know until writing these lines. My connection with the Luberon is even more profoundly rooted, now. n
Le poète portugais Fernando Pessoa disait qu'on ne connait vraiment un endroit que lorsqu’on s'y perd. J'ai découvert le Luberon en suivant son conseil, et j'en suis tombé complètement
amoureux. De sa lumière translucide d'abord, de son extraordinaire géographie physique et humaine, de la forme chaleureuse et discrète avec laquelle ses habitants nous reçoivent.
En tant que cinéaste, j'ai toujours été séduit par les peintures rupestres, ces premiers re ets de la présence humaine. Le fait que le Luberon ait été choisi par ces populations nomades comme un lieu pour se  xer ne me semble pas un hasard. On ne trouve cette générosité du climat, de la terre, des sources et des forêts nulle part ailleurs.
Des amis ont la chance d’avoir des bories sur leur terrain, près de Gordes. Je suis toujours sidéré par l'ingéniosité de leur architecture. Il me semble que depuis des siècles, le Luberon est fait de la déclinaison de ces gestes d'artisans. C'est peut-être cette inventivité et cette générosité-là qui y ont attiré des artistes comme Chagall, et des écrivains et philosophes comme Camus et Althusser.
Le Luberon est un coin unique pour récupérer les énergies perdues, mais aussi pour travailler et se retrouver soi-même. Pour me ressourcer entre deux moments d'écriture, j'aime suivre les chemins qui s'enfouissent dans la forêt, ou m'aventurer dans une randonnée à vélo - en essayant de suivre, tant bien que mal, le rythme de mon frère d'adoption Jean-Christophe entre Murs et Lioux.
Le Luberon représente ainsi un lieu de liberté pour moi, mais aussi de découvertes. Je m'y suis toujours senti entouré de gens sympathiques et affectueux. À une époque où les étrangers sont souvent vus comme des menaces, j'aime la diversité ethnique du Luberon. Beaucoup de mes copains qui y habitent viennent des quatre coins du monde, et s'y sentent bien.
Récemment, un de mes frères a réalisé un test pour déceler les origines de notre famille. Il a découvert que nous venons de la péninsule ibérique et de la région de Minas Gerais au Brésil, mais aussi qu'une partie de nos origines est française - ce que je ne savais pas, quelques jours avant d'écrire ces lignes. Ma liaison avec le Luberon a toujours été élective - elle est, maintenant, encore plus profonde. n
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