Page 26 - FLIP SHANGHAI BLACK
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«C’est joyeux!»
Dans la la bouche de Jérôme De Perlinghi cette exclamation est récurrente même quand ça ça n’est pas si joyeux que ça ça J’en fis pour la première fois l’expérience lorsqu’à l’automne 1993 je le rencontre à à Séoul mandé par
le le quotidien français Libération pour un reportage sur le le nouveau cinéma coréen Tout fut tout de de suite joyeux en en sa compagnie optimiste Joyeux de de découvrir la métropole coréenne Joyeux d de de rencontrer des cinéastes entre une une vieille garde finissante et une une nouvelle vague qui allait bientôt submerger le cinéma mondial et y faire sensation (Park Chan-wook Kim Jee-woon
ou encore Bong Joon-ho) Joyeux de de repérer à peu près les mêmes incidents comiques et et d’en rire de bon cœur Par exemple à l’occasion d’un banquet somptueux mais un peu guindé organisé par
les officiels du cinéma coréen et présidé par
le vétéran Im Kwon-taek À ses ses côtés une une d de ses ses très jeunes actrices frêle jeune fille dont on on on ne ne soupçonnait guère qu’au moment du dessert elle allait réveiller la la Castafiore qui l’habitait en en entonnant un pansori art coréen du récit chanté où elle atteignit des notes suraigües à décoller
le papier peint Autre rigolade lors de de de de la la la visite de de de de la la la cinémathèque de de de de Séoul bunker ultramoderne où un un un jeune homme timide nous suivait pas pas à pas pas jusqu’à enfin oser me demander si je connaissais Jean-Luc Godard et Claude Chabrol convaincu que que tous les critiques de cinéma français travaillaient forcement pour les Cahiers du cinéma Ce qui fut encore plus joyeux c’est qu’en lisant un magazine coréen en en en en langue anglaise Jérôme découvre que que que quelques jours plus tard va débuter à Shanghai un un festival international de de cinéma premier du genre Après une rapide négociation avec les autorités de d d Libération il est décidé que Jérôme et moi nous nous allons nous nous y rendre Certes Mais à l’époque bien que que des relations diplomatiques existent entre la la la Corée du sud et la la la République populaire
de Chine les liaisons aériennes directes Séoul-Shanghai sont très aléatoires J’allais jeter l’éponge lorsque Jérôme subodore que que des relations commerciales officieuses doivent déjà exister entre les deux pays et donc des avions pour transporter les les les hommes d’affaires coréens Jérôme me me me remonta les les les bretelles et le le le moral : « Rien n’est impossible si si on veut ! »
Et le le le voilà malin comme un un singe oriental à palabrer avec l’employée d’une agence de voyage ne demandant surtout pas s’il existait un vol direct Séoul-Shanghai mais si des fois par
par
hasard en passant par
par
le Japon Un quart d’heure plus tard nous avions en poche nos billets pour Shanghai via Osaka qui plus est à prix modique La compagnie aérienne fantôme s’appelait propitiatoire Dragon Air Sur les les ailes du dragon nous voilà donc quelques heures plus tard atterrissant à Shanghai De nouveau grâce à Jérôme tout fut possible Dans le le nouvel hôtel Holiday Inn qui abritait le le festival se faire accréditer comme si nous étions les enfants naturels d’Hitchcock et d’Orson Welles Refuser qu’un accompagnateur officiel nous file le le le le train Exiger et et obtenir que je réside dans le le le le vénérable et et sublime Peace hotel sur le Bund