Page 15 - Livre Krajtman-Lejderman - Nov 2019-Jun 2020
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Esther Hinde Singer Kreitman un personnage attachant hors norme
Isaac décrit sa sa sœur dans “Le tribunal d de mon père“ :
“Elle exagérait tout bondissait quand quand elle elle était était contente sanglotait quand quand elle elle elle ne l’était plus et même parfois s’évanouissait carrément [ ] Après avoir furieusement pleuré elle elle semblait soudain transportée de joie et et se se se mettait à danser “ “Il devenait de de de de d de de plus plus en en plus plus difficile de de de de d de de vivre avec quelqu’un d’aussi bizarre que que ma sœur qui qui avait acquis des des des idées modernes lisait des des des journaux et et des des des livres en yiddish rêvait d’un d’un grand amour et et ne ne voulait pas d’un mariage arrangé “ “Ce n’était pas une fille facile à marier mais elle était était jolie et on lui trouva un parti “ “ Mais il écrit aussi :
“Hinde est intruite et et et connaît bien la Thora et et et le le le l Talmud “ “ “ [ ] “Elle portait des jupes mais elle elle souffrait d’hystérie et et et avait de de de d légères crises d’épilepsie Parfois elle elle semblait obsédée par un dibbuk “ Elle inspira pourtant le le le personnage fameux de de de Yentl dans la la la nouvelle éponyme qu’il écrivit en en en 1962 Au moment de de de de de la la la rédaction et de de de de de la la la parution de de de l’œuvre Esther était morte depuis 8 ans Mars 1949 Londres La poétesse et novelliste yiddish Hava Rosenfarb (debout) fait lecture d’un de de de de de ses textes A sa sa droite Moshe Oved bijoutier de de de de de de de la Reine éditeur du premier livre de de de de de de de poésie de de de de de de de Chava Près de de de de lui à à sa sa gauche à à demi coupé le le poète Itsik Manger Devant elle Esther âgée de de de 58 ans La sœur longtemps négligée de la famille Singer “Nous sommes en Europe quelques années avant la Première Guerre Mondiale Une jeune femme sur le le point d’épouser un un homme qu’elle qu’elle n’a n’a jamais jamais rencontré et qu’elle qu’elle n’aimera jamais jamais confie à à sa mère un secret alors que leur train traverse à à vive allure la la campagne polonaise Déballant un paquet elle montre à sa sa mère des des pages pages et et des des pages pages d’histoires d’essais et e et e de de contes qu’elle a a a a écrit en cachette “Déchire-les et e et e jette- les les par la fenêtre lui ordonne sa mère“ Et la jeune femme obéit Les bouts de papier qui volent ce jour-là dans l la campagne polonaise sont les premiers écrits de de Hinde Esther Singer Kreitman la sœur du nouvelliste yiddish Isaac Bashevis Singer Avant sa mort à Londres en 1954 Kreitman a a à a a publié deux nouvelles et un livre d’histoires courtes puis elle elle s’est évanoui dans l’obscurité A l’occasion du centième anniversaire de de de sa sa sa naissance des des érudits et et des des critiques littéraires ont jeté un regard nouveau sur cette femme et e et son travail Le portrait qui en a a a a a émergé est celui d’une femme malheureuse et créative qui àlamanièred’undesperson- nages d’une nouvelle son son frère Isaac a a a a a a souvent été débordée par des forces indépendantes de d de de d de sa volonté qu’il s’agisse de d de de d de démons d’un d’un autre monde ou du sexisme d’une société qui ne ne célébrait que l le le talent des hommes Esther a a a a en en en en effet reçu bien moins d’attentions du monde littéraire que ses célèbres frères Isaac -qui s’est retiré en Floride il y a a a à a déjà plusieurs années- e et et Israël Joshua journaliste et et romancier décédé en 1944 Dans le numéro d d de printemps du magazine féministe Lilith Clive Sinclair nouvelliste et ancien éditeur littéraire du “London Jewish Chronicle“ écrit :
“Le jour de sa mort elle était totalement oubliée Elle possédait pourtant le le le le le même même talent littéraire et les mêmes dons de conteur que ses frères Une nouvelle traduction
Lilith a a a également publié ce qu’il dit être la première traduction
en plus de 40 années d’une histoire écrite par Kreitman Le Le récit intitulé “Le nouveau monde“ traduit par Barbara Harshav est un conte semi autobiographique dans lequel la narratrice au au début fœtus raconte ses premiers combats in utero avec sa mère “J’ai commencé à à à gesticuler à à à faire des des pirouettes à à à lui donner des des coups sur le le côté“ écrit-elle “Je ne ne lui ai ai ai ai pas laissé de répit mais cela ne ne m’a fait aucun bien Je me me suis simplement donné une mauvaise réputation “ Quand la narratrice voit le jour sa mère sourit et Kreitman écrit “mais ce n’était pas à moi“ “‘Bien-sûr j’aurais été été plus heureuse si ça avait été été un garçon ’ dit Mama “ Les travaux de de Kreitman tout comme ceux de de ses frères ont été analysés cette année par Anita Norich professeur assistante d’Anglais et de de Judaïsme de de l’Université du Michigan pour la revue trimestrielle Prooftexts “Il se peut que dans le le cas de William Henry et Alice James on puisse également parler d’une fratrie qui jouissait de réputationsdifférentesentant qu’écrivains et intellectuels“ dit Mme Norich Elle note également que si les trois enfants Singer ont écrit sur la Varsovie de de leur enfance seuls les garçons en en en en gar-dent un souvenir chaleureux “Les différences entre les sexes sont significatives “ “ explique Mme Norich Alors qu’Israël et Isaac “essaient de créer le passé Kreitman essaie essaie de s’en libérer “ La nouvelle autobiographique intitulée “Deborah“ publiée pour la première fois en en Pologne en en 1936 sous le nom de de d “Der Shaidim Tantz“ (“La danse des démons“) est épuisée depuis plusieurs années mais devrait être rééditée en anglais Dans une interview faite à Tel-Aviv son fils Maurice Carr explique qu’il a a a a des sentiments mitigés quant au regain d’intérêt pour les œuvres de sa mère “Cette
attention est posthume dit-il J’aurais tant aimé qu’elle ait pu un peu en profiter au au cours de sa vie “ Une vie malheureuse Selon la plupart des témoigna- ges Hinde Esther Kreitman née le 31 mars 1891 a a a a a eu eu eu une vie malheureuse M Carr romancier et journaliste de 77 ans qui vit en Israël reconnaît “Elle a a a a a été perturbée psychi- quement toute sa vie “ “ Mme Norich écrit dans Prooftexts :
“Aînée et seule fille d’une famille de d quatre enfants elle était considérée par les siens comme une une fantaisiste une une hystérique sujette aux dépressions ner- veuses sans doute comme le le clamait Isaac Bashevis une une épileptique voir même une une fille possédée par le le le le “Dybbouk“ instable et difficile finalement envoyée pour être mariée en en en Belgique à un tailleur de diamants “Dans son interview M Carr se décrit lui-même comme “le fruit malheureux d de cette union malheureuse “ “ Susan Weidman Schneider rédactrice en chef de de Lilith dit di que selon la tradition chez les Singer Kreitman aurait été pour Isaac l’inspiratrice de Yentl ce ce personnage qui aspirait à être un homme au au point de de tromper beaucoup de de gens qui pensaient qu’elle en en était un M Carr dit encore que sa mère s’identifiait pleinement à son son frère Israël qui était de de de deux ans son son aîné “Elle était passionnément amoureuse d’Israël Joshua alors même qu’il recevait l’attention qui lui a a a a toujours été refusée “ En partie à cause de de leur 13 années de de différence elle n’a jamais été aussi aussi proche d’Isaac aussi aussi appelé I I B Les membres de de la famille disent que I B âgé de de 87 ans et souffrant n’a aucunement participé au au regain d’intérêt pour le travail de sa sœur “Ma mère était une une écrivain et une une conteuse née“ ajoute M Carr “Elle fut la la première à écrire dans la la famille“ Il se se revoit plus jeune observant silencieusement sa sa mère assise à sa sa table de travail “Les mots semblaient couler de sa sa plume Je regardais sa sa main glisser sur la page Elle s’arrêtait toutes les quelques pages pour regarder en arrière et changer un mot par-ci par-là L’influence de sa mère M Carr raconte que sa mère avait été forcée de d déchirer ses premiers écrits en en se se rendant à son mariage Sa grand-mère Batsheva Singer raconta plus tard qu’elle craignait que les gardes-frontières tsaristes ne ne soupçonnent ses écrits d’être séditieux mais son petit-fils pense qu’il existait une toute autre raison “Ma grand-mère Batsheva était une femme frustrée beaucoup plus intelligente que son mari et je pense qu’elle était jalouse de sa fille“ confie-t-il En 1929 après des années de de de mariage Kreitman rentre de de Varsovie avec son fils et commence une carrière littéraire sérieuse Elle gagne difficilement de quoi manger en en en tant que que traductrice en en en yiddish d’œuvres telles que que “Le “Le chant de de de Noël“ de de de Dickens et et “Le “Le guide du du Socialisme et et du du capitalisme d’une femme intelligente“ de G B Shaw Après 10 mois à à Varsovie elle rejoint son mari qui vit alors à à à Londres Kreitman continue à à écrire et et publier des des des nouvelles dans dans des des des journaux et et dans dans des des des revues littéraires en yiddish à Varsovie Paris Anvers Londres New-York Buenos- Aires et Toronto Puis elle écrit deux autres ouvrages après “Deborah“ “Brillian- ten“ (“Le Diamantaire“) qui raconte la vie d’un diaman- taire d’Anvers et “Yichus“ un un recueil de de nouvelles Malgré des critiques favo- rables ses réalisations littéraires ne réussissent pas à la la rendre heureuse Mr Sinclair écrit dans Lilith :
“Il semble que rien ne pouvait effacer l’ostracisme à la fois précoce et et profond d’Esther Ce rejet hostile l’a marqué jusqu’à la la fin de de de ses jours au milieu de de de d la la danse de de de d ses propres démons qu’il s’agisse d de sa loyauté confuse
et troublante de de de d sa colère de de de d de son chagrin de de de d de ses désirs contradictoires de de d de de sa jalousie envers ses frères et enfin de de son isolement prix à payer pour une une une créativité une une une intelligence et une une une ambition toutes féminines “ Kreitman meurt à à Londres à à l’âge de 63 ans et contraire- ment à ce que prescrit la Loi juive elle elle est incinérée Telle était sa volonté “Elle disait qu’elle craignait ce que les démons qui l’avaient persécutée tout au long d de sa vie pourraient faire subir à son corps dans la la la tombe“ écrit Mr Sinclair “Elle voulait les confondre tous avoir la la la la victoire et enfin la paix“ Ari L Goldman
4 avril 1991