Page 57 - Le Japon avril 2019
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Le Bouddha envoya ses disciples répandre son enseignement. Dès le IIIe siècle av. J.-C., l’empereur Ashoka lança des moines hors de l’Inde. Religion missionnaire et universelle à la différence du judaïsme ou de l’hindouisme, le bouddhisme n’est pas lié à l’histoire d’un peuple, le bouddhisme n’a cependant jamais, contrairement au christianisme et à l’islam, disposé de forces armées pour accompagner ses adeptes. Après avoir conquis une grande partie de l’Inde, c’est donc en suivant les voies commerciales, terrestres ou maritimes, qu’il s’est diffusé vers l’est.
La « voie du Nord », passant par le Cachemire et la haute vallée de l’Indus, a emprunté la « route de la soie », un réseau de pistes contournant l’Himalaya par le Nord du Tibet et aboutissant à Pékin. Cette voie fut celle du Mahâyâna qui, à partir du IIe siècle ap. J.-C., pénétra en Chine d’où il gagnera la Corée et le Japon au VIe siècle. La « voie du Sud », passant par le golfe du Bengale et la mer de Chine, était celle de navigateurs qui, depuis le début de l’ère chrétienne, maîtrisaient les vents de mousson et reliaient l’Inde de l’Est à l’Indochine et à la Chine. Elle servit à la diffusion du Mahâyâna comme du Theravâda , mais seul ce dernier put s’implanter durablement, en raison des préférences des monarques qui s’appuyaient sur son clergé pour conforter leur pouvoir. A l’inverse, vers l’ouest, le bouddhisme a été arrêté par la résistance de la religion iranienne. Les sites bouddhiques antiques les plus occidentaux se situent donc en Afghanistan.
Partout où il fit souche, le bouddhisme coexista avec les religions autochtones sans chercher à les détruire : la « religion chinoise » est un amalgame de bouddhisme, de taoïsme et de confucianisme, la « religion japonaise » un mélange de shintoïsme et de bouddhisme et, en Birmanie comme en Thaïlande, les esprits traditionnels des cultes animistes sont presque autant vénérés que le Bouddha4.
Mais, au VIIe siècle ap. J.-C., au moment où le bouddhisme achevait son expansion extrême-orientale, il commençait à régresser en Inde. Dans le sud du pays, la réaction des brahmanes, dépossédés de leur rôle social par les moines, provoqua un renouveau des temples dédiés à Vishnou et à Shiva, principales divinités du panthéon hindouiste, et un durcissement des castes, difficilement compatibles avec la morale égalitaire du Bouddha. Au nord, les conquêtes musulmanes détruisirent les institutions bouddhiques : l’immense université de Nâlandâ État du Bihâr fut rasée en 1199. Quand les missionnaires européens arrivèrent en Inde au XVIe siècle, le bouddhisme ne subsistait que dans les régions du Sikkim, du Zanskar, du Bhoutan ou du Népal. Aujourd’hui, dans le monde, 98 % des 350 millions de bouddhistes habitent en Asie de l’Est ou du Sud.


































































































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