Page 95 - Japon
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Musée de Yayoi Kusama Tourments et petits pois
Née en 1929 à Matsumoto, Yayoi Kusama est frappée très jeune par des hallucinations auditives et visuelles.
Dès 1935, elle se met à dessiner les images et perceptions issues de ses expériences hallucinatoires,
de ses peurs et ses angoisses.
Le motif récurrent des pois dans ses oeuvres apparaît
en 1939 ; tel des traces de ses profonds troubles.
Il s’agit là du point de départ de son thème de prédilection.
À partir de 1948, elle étudie la peinture japonaise, Nihonga, dans une école d’art à Kyôto.
Plusieurs galeries à Matsumoto et à Tôkyo lui consacrent des expositions au début des années 1950.
Grande admiratrice du travail de l’artiste américaine Georgia O’keeffe (1887-1986), elle décide de partir aux Etats-Unis en novembre 1957 et s’installe à New-York dès l’année suivante. Jusqu’en 1961, elle conjure ses obsessions visuelles en expérimentant le monochrome.
Self-oblitération
À partir de 1966, son oeuvre prend un nouveau tournant.
Elle produit ses premiers environnements clos : des espaces dans lesquels elle utilise son propre corps et se met en scène de façon théâtrale par des jeux de miroirs.
Ces représentations sont qualifiées d’autoportraits « performés ». Définissant son concept de « self oblitération » dans son film du même nom en 1967, elle utilise dès lors des pois pour couvrir et cacher tout ce qui l’entoure.
Les pois oblitèrent sans aucune limite les corps, les animaux et les espaces effaçant les identités et l’unicité des êtres.
Dans cet effacement de soi, l’idée de Kusama est de ne faire qu’un avec l’univers.
C’est également la période où elle organise et participe à des happenings, des performances en public dans lesquelles des hommes et des femmes nues, oblitérés par des pois, dansent dans les rues de Manhattan.
Oubli et retour flamboyant
De retour à Tôkyo en 1973, elle entre dans une institution
psychiatrique trois ans plus tard, après une tentative de suicide, pour combattre les obsessions qui la hantent et surmonter la douleur de la perte d’êtres chers.
Bien que continuant à peindre, à réaliser des collages et à écrire, le nom de Kusama disparait quelque peu du devant de la scène au cours des années suivantes.
Son travail bénéficie d’un regain d’intérêt à la fin des années 1980 dans l’archipel et sur le plan international.
Elle est depuis exposée dans le monde entier (au MOMA en 1998, au Centre Pompidou en 2011...) et figure au panthéon des grands artistes d’art contemporain.


































































































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