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Biographie
J’ai étudié les arts plastiques à l’université de Paris 1 et je suis aussi diplômée du CNAM (formation en arts appliqués et histoire de l’art). Ma formation est donc essentiellement théorique tandis que mon expérience professionnelle repose sur l’enseignement. Aujourd’hui, j’exerce le métier de professeure en arts appliqués pour la formation initiale et continue au Campus des Métiers de Pantin-Bobigny. Néanmoins, je suis une plasticienne autodidacte revendiquée, travaillant de manière instinctive.
Je procède beaucoup par séries, pensant qu’une œuvre n’a jamais dit son dernier mot, que le dialogue, ou l’histoire, continue dans l’œuvre suivante. Selon moi, il y a toujours dans un tableau un peu de celui qui le précède, un sentiment d’insatisfaction ou d’inachevé me pousse alors à en créer un autre.
Dans cette série de «scènes de plage», j’explore l’interaction entre les corps et le décor. Les fonds avec leurs couleurs arbitraires et vives, dialoguent avec la figure. Parfois, ils la mettent en valeur mais quelquefois aussi ils l’envahissent puis la masquent jusqu’à la rendre indiscernable.
La couleur, suggérant la nature, transforme les dessins issus d’une observation intense de la réalité en visions partagées et communes. Ces personnages isolés et statiques, par leurs occupations, leurs poses ou leurs lunettes noires deviennent davantage des personnages universels. Ce n’est pas la réalité anatomique qui m’intéresse mais les attitudes représentées : l’attente, la méditation, la contemplation, la lecture.
La représentation des corps en une simple silhouette colorée rend le propos pictural de plus en plus autonome. En mettant ainsi en retrait la figure au profit du pictural, les éléments du tableau sont suggérés et donc plus intéressants, ils permettent aussi aux spectateurs de rêver l’image et de mieux se l’approprier.
Ma technique, de balayages rapides et vifs ou de coulures hasardeuses, m’oblige à me laisser guider par l’incertitude et à me débattre dans cette insécurité permanente que je provoque. Comme dans la vie, je peins en utilisant les accidents pour avancer, prendre une voie différente, imprévue, puis accepter...
Il est à noter aussi dans cette dernière série l’importance du support, des bois d’épaves, mais surtout du cadrage. En effet les corps s’inscrivent pleinement dans la hauteur des supports, ils jouent avec les bords afin d’en affirmer la présence soulignant le cadrage. Le rapport de celui-ci avec le sujet insiste sur la corporalité et la stabilité. Ma peinture se caractérise par une approche frontale, le « regardeur » est comme plongé dans le tableau par cette sorte de vision directe et à l’instar des gravures japonaises, l’élimination du point d’appui des personnages les laisse flotter dans le décor.
Par ailleurs, ces personnages en pleine réflexion sont projetés dans un univers de lumière, enseveli par des éléments naturels et ce recouvrement qui engendre la disparition des corps rappelle la vie : les éléments se gomment et s’effacent avec le temps et sous une certaine lumière on peut voir à nouveau ce qui était présent.