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Je pars de l’observation qui m’a été faite par plusieurs professeurs sur le fait que j’ai tendance à me lancer dans des projets très diffé- rents les uns des autres, de « partir un peu dans tous les sens ». Effec- tivement, j’ai un goût très prononcé pour l’expérimentation de nouvelles techniques, approches, e tends à m’intéresser à une multitude de sujets. Dans ma tête il n’y a que la prochaine expérience qui compte. Je suis quelqu’un d’extrêmement curieux, je l’ai toujours été. J’ai par consé- quent pensé que cela pourrait être une bonne idée d’explorer cet aspect hétéroclite de mes recherches plastiques comme une problématique en soi, d’autant plus que cet aspect se trouvait, fort logiquement, re été dans mon indécision quant au thème à choisir pour ce travail de mémoire.
La première idée qui vint à mon esprit fut celle d’explorer le thème de la fragmentation de la personnalité, sorte de schizophrénie à la manière du poète Fernando Pessoa, mon compatriote dont les écrits ont constitué ma première fascination poétique (idée de titre: Dans l’impossibilité de vivre plusieurs vies...). Dans la même veine, j’ai envisagé une autre possibilité qui avait l’air de me convenir, et qui était celle d’aborder cette problématique à la lumière des théories sur le post-modernisme, et plus spéci quement le travail de Fredric Jameson, qui, dans La logique culturelle du capitalisme tardif, af rme que conséquences formelles de la mort du sujet moderne, du moi, de l’individu (propres à la période moderne), on été l’indisponi- bilité croissante du style personnel, engendrant par là la pratique de nos jours quasi universelle du pastiche (post-moderne). « ...le sujet a perdu la capacité de développer activement ses pro-tensions et ses re-tensions sur la diversité temporelle et d’organiser son passé et son futur dans une expé- rience cohérente, il devient assez dif cile de voir comment les productions culturelles d’un tel sujet pourraient aboutir à autre chose qu’à des « tas de fragments » et à une pratique de l’hétérogène, du fragmentaire arbitraire et de l’aléatoire. » (Jameson) Ou encore à aborder ce mémoire sous l’angle de ma méthodologie de travail, en m’aidant pour cela d’exemples d’artistes qui explorent plusieurs pistes simultanément, ou travaillent par séries.
« il ressemble au héros de Huysmans... » ... « Il avait fouillé les bibliothèques, épuisé les cartons, s’était congestionné l’intellect à écumer la surface de ces fatras, et tout cela par désoeuvrement, par attirance momentanée, sans conclusion cherchée, sans but utile ».
Jean Clair - Duchamp ou la n de l’art