Page 32 - Milano
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 Ce jour-là, je m’étais vraiment épanché lui avouant mon mal être, ce sentiment d’exclusion dont je souffrais depuis plusieurs mois et qui me rongeait chaque jour un peu plus. Jamais je n’avais osé parler de ce qui me tracassait et qui me faisait me sentir un être à part. Elle était d’une patience déconcertante, écoutant religieusement la raison de mon mal être. Je me rappelle de la douceur avec laquelle elle m’avait répondu, n’ayant envers mes bourreaux la moindre once de colère. Elle avait en quelques mots transformé ce que je considérais et les autres aussi comme une tare en une force insoupçonnable me faisant passé au rang de personnes extraordinaires. Je n’avais jamais vu cela sous cet angle mais elle m’avait fait comprendre que j’étais cet être extraordinaire qui voyait le monde avec ce regard d’espérance et que je ne devais jamais faire des dires des autres la réalité de ma vie. A ces mots et d’un revers de main, je tentais de ne point me poser en victime considérant à juste titre que les lamentations du moment ne devaient être la propriété privée que des seuls proches de cette pauvre Mme LANDRU.


































































































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